FranceLes syndicats annoncent une dixième journée de mobilisation le 28 mars
Jeudi, une nouvelle journée de manifestations contre la réforme des retraites a secoué plusieurs villes de France. Des violences ont émaillé ces revendications, qui vont se poursuivre.
En France, les syndicats ont annoncé, jeudi, une dixième journée de grèves et de manifestations, le 28 mars, et des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end, pour protester contre la réforme des retraites. «Alors que l’Exécutif cherche à tourner la page, ce mouvement social et syndical pérenne et responsable confirme la détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme», ont-ils affirmé à l’issue d’une neuvième journée de mobilisation, qui a réuni, selon eux, «plus de 3 millions de manifestants».
Un niveau équivalent au record du 7 mars – même si l’Intérieur a dénombré moins de 1,1 million de personnes dans les rues –, qui atteste d’un net regain de participation après l’usage du 49.3 pour faire passer la réforme au Parlement et au lendemain d’une intervention télévisée d’Emmanuel Macron qui a hérissé ses opposants.
Les manifestations, grèves et débrayages «sont une réponse aux contre-vérités exprimées par le président de la République et son entêtement incompréhensible», ont souligné les syndicats. Alors que les incidents se multiplient depuis une semaine à Paris et dans plusieurs grandes villes, «la responsabilité de la situation explosive n’incombe donc pas aux organisations syndicales, mais bien au gouvernement», ont-ils ajouté.
Augmentation des violences
Canons à eau et centre-ville noyé sous les gaz lacrymogènes à Rennes (ouest), dégradations et affrontements en amont du cortège à Paris: les manifestations ont connu, jeudi, un regain de tensions dans plusieurs villes de France. Sporadiques depuis le début de la mobilisation syndicale le 19 janvier, les violences ont ressurgi parfois spectaculairement au fil de plusieurs cortèges, monopolisant de nouveau l’antenne des chaînes de télévision et ravivant les souvenirs du mouvement populaire des «gilets jaunes» en 2018-2019.
À Paris, où la préfecture de police a dénombré «environ un millier» d’éléments radicaux, dans l’ouest et le nord du pays, ou encore à Toulouse (sud), cette neuvième journée de mobilisation intersyndicale a dessiné une carte de France des tensions, où ne figure pas le pourtour méditerranéen et notamment Marseille, dont la mobilisation record selon les syndicats (280’000) tranche avec le chiffrage de la préfecture (16’000).
À Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec son lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit. À rebours d’un cortège où la grande majorité des manifestants a défilé pacifiquement.
Pouce arraché
Dans l’ouest de la France, les violences et affrontements entre forces de l’ordre et manifestants se sont faits plus nombreux que lors des précédentes mobilisations. À Rouen, une manifestante d’une trentaine d’années, qui travaille avec des enfants handicapés, a eu un pouce arraché, selon une députée de la gauche radicale, Alma Dufour, qui met en cause l’usage d’une grenade de désencerclement par les forces de l’ordre. Contactée par l’AFP, la préfecture n’était pas en mesure de confirmer.
À Nantes, des manifestants se sont introduits dans le Tribunal administratif, saccageant l’accueil et brisant vitres et portes. Plusieurs commerces ont été dégradés. À Lorient, le commissariat et les forces de l’ordre ont été pris pour cibles par des manifestants, en grande partie des jeunes au visage dissimulé. Des vitres du bâtiment ont été cassées par des jets de projectiles et des feux allumés contre le portail.
À Rennes, au lendemain d’une journée de heurts entre marins-pêcheurs et forces de l’ordre, des tirs de grenades lacrymogènes ont répondu aux jets de projectiles et feux de poubelles, plongeant le cortège de l’intersyndicale, pris en étau, dans un épais nuage de fumée âcre. La maire Nathalie Appéré s’est émue de «scènes de chaos».