Guy Parmelin«Je m’attends à une crise énergétique qui durera plusieurs années»
Le conseiller fédéral s’est exprimé dans une interview sur la situation actuelle. Il oscille entre un optimisme mesuré et des avertissements sensés.
La Suisse passera-t-elle l’hiver avec suffisamment de gaz et d’électricité? Tout dépend…, et de beaucoup de facteurs, a rappelé Guy Parmelin dans une interview à la «Schweiz am Wochenende». Revenant sur la possibilité d’une pénurie électrique, il s’est montré partiellement rassurant.
On ne résoudra pas le manque en un hiver
Les milieux économiques et politiques sont impatients: le Conseil fédéral n’a toujours pas présenté son plan de mesures détaillé en cas de pénurie d’électricité comme il l’a fait pour le gaz. «Les spécialistes le disent: en ce qui concerne l’électricité, le risque d’une pénurie avant fin mars 2023 est très petit», dit-il. Le gouvernement veut utiliser le temps à disposition pour prendre les mesures les plus réfléchies possibles et mène des discussions avec les milieux concernés. Un plan doit être présenté en novembre néanmoins.
Mais même si le pays passe l’hiver sans la moindre coupure de courant ni le moindre manque de gaz, il ne faudra pas crier victoire pour autant. Guy Parmelin rappelle que de nombreux facteurs entrent en compte. «Je m’attends à une crise énergétique qui durera plusieurs années. Nous devons tout faire pour produire davantage en Suisse. Mais en 2023 et en 2024, nous serons encore dépendants du gaz et du pétrole», rappelle-t-il.
Ukraine, Chine et météo
Parmi les raisons qui peuvent influencer le risque de pénurie, outre la production et la consommation d’énergie qui est en nos mains, certains aspects sont hors du contrôle de la Suisse. Un afflux de réfugiés dans le pays? C’est d’autant plus de personnes qu’il faut loger et qui consomment de l’énergie. La stratégie de la Chine face au Covid? Si elle renonce progressivement au «zéro Covid» et relance son économie à fond, la pression sur le gaz et le pétrole augmentera. Un hiver particulièrement froid? Il en coûtera d’autant plus d’énergie pour nous chauffer.
«On a sous-estimé les risques et on s’est appuyé ces dernières décennies sur le fait d’importer de l’électricité en cas de problème. Nous n’avons pas su aller assez vite dans le développement de la production en Suisse, même avec l’énergie hydraulique», admet le conseiller fédéral.