ParlementLa Suisse n’aura pas de musée sur l’histoire des femmes
Le Conseil des États a coulé une motion qui demandait au Conseil fédéral un projet de musée national de la femme. Il préfère un «réseau de tiers» sur l’histoire de l’égalité.
- par
- Christine Talos
Il n’y aura pas de musée national de la femme en Suisse. Contrairement au National qui l’avait accepté en juin 2021 – année des 50 ans du droit de vote des femmes -, le Conseil des États a refusé une motion en ce sens de la députée Marianne Streiff-Feller (PEV/BE). Il lui a préféré tacitement un «réseau de tiers» sur l’histoire de l’égalité.
La conseillère nationale évangélique rappelait que l’histoire avait été écrite majoritairement par des hommes parlant d’hommes. «La Suisse ne joue pas de rôle précurseur en ce qui concerne les droits des femmes et il n’existe à ce jour toujours pas de centre national qui traiterait l’histoire suisse d’un point de vue féminin», expliquait-elle. Elle proposait donc un établissement pour couvrir l’histoire des femmes, leur vie réelle et l’évolution de leur rôle au sein la société. Le thème de l’égalité devait également y occuper une place prépondérante.
Inventaire et sauvegarde
Mais le Conseil des États n’en a pas voulu. Il a estimé que ce projet impliquait l’obligation de réviser la loi sur les musées et les collections. Il lui a préféré la création d’«un concept pour un réseau de tiers sur l’histoire de l’égalité entre les femmes et les hommes en Suisse». Ce réseau sera constitué d’institutions extérieures à l’Administration fédérale. Elles auront comme mission l’inventaire et la sauvegarde du patrimoine culturel, ainsi que la médiation dans ce domaine. Au Conseil fédéral d’en prévoir le financement dans le prochain message culture en 2024.
De nombreuses institutions, comme les musées, les archives, les bibliothèques ou encore les hautes écoles, ont l’expertise nécessaire dans ce domaine, a expliqué l’ancienne directrice de l’Office fédéral de la Culture, Isabelle Chassot (Centre/FR), pour la commission. Un tel réseau a plusieurs avantages, selon elle: il est plus agile et diversifié, que ce soit au niveau culturel ou linguistique, qu’un musée. Selon la commission, «une telle approche offre une vision bien plus dynamique et tournée vers l’avenir».
La motion amendée repart au National.