Economie - Le plafond de la dette provoque une bataille politique aux Etats-Unis

Publié

ÉconomieLe plafond de la dette provoque une bataille politique aux États-Unis

L’administration Biden a alerté lundi contre le risque d’une «crise financière historique» pour pousser le Congrès à trouver un accord sur le plafond de la dette.

Seul le Congrès a la prérogative de relever le plafond de la dette.

Seul le Congrès a la prérogative de relever le plafond de la dette.

Getty Images via AFP

La course contre la montre est lancée au Congrès américain, pour trouver un accord sur le plafond de la dette et éviter aux États-Unis de faire défaut, ce qui aurait des conséquences gravissimes sur l’économie américaine, mais aussi mondiale.

Le plafond de la dette est le montant de dette à partir duquel le pays ne peut plus émettre de nouveaux emprunts pour se financer, ce qui l’empêche d’honorer ses paiements. Il diffère du «shutdown», la paralysie des services de l’État fédéral, qui peut survenir lorsque le Congrès n’arrive pas à s’entendre sur le budget avant le 30 septembre.

Les deux sujets sont cette année concomitants. Pour éviter le «shutdown», la Chambre des représentants adoptera cette semaine «une loi pour financer le gouvernement jusqu’en décembre», a indiqué lundi, dans un communiqué, la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi. Ce projet de loi prévoit aussi de suspendre le plafond de la dette «jusqu’en décembre 2022», a-t-elle précisé.

«Régler le plafond de la dette vise à respecter les obligations que le gouvernement a déjà contractées, comme le plan d’aide bipartite face au Covid-19 adopté en décembre (2020) ainsi que les paiements essentiels aux bénéficiaires de la sécurité sociale et à nos anciens combattants», a souligné Nancy Pelosi, agitant à son tour le risque d’une «récession».

Négociations

Seul le Congrès a la prérogative de relever le plafond de la dette, et, avec le texte annoncé lundi par Nancy Pelosi, les démocrates espèrent se donner du temps, pour rallier ensuite le soutien des républicains. Ils s’opposent farouchement aux 3500 milliards de dollars de dépenses sociales voulues par Joe Biden.

Les démocrates envisagent d’ailleurs, pour faire adopter ces mesures, d’utiliser une procédure qui leur permet de se passer des voix républicaines. Ils auraient la possibilité d’inclure le plafond de la dette dans ce dispositif, dit de «réconciliation». Mais ils se heurtent à la date butoir du 30 septembre puisque les négociations sont embourbées. D’autant plus qu’il y a des divergences de vue au sein même des démocrates.

«Les démocrates contrôlent l’ensemble du gouvernement. Ils pensent qu’ils sont tout à fait capables de régler seuls le plafond de la dette», a ironisé sur Twitter le chef républicain au Sénat Mitch McConnell. Il accuse les démocrates de vouloir obtenir les votes des deux partis pour faire endosser collectivement «une dette historique».

«Le pays ne doit jamais faire défaut. Le plafond de la dette devra être relevé. Mais il revient à ceux que le peuple américain a élus de le faire», avait-il déclaré la semaine dernière au site d’actualité politique Punchbowl News. L’administration Biden, de son côté, n’a de cesse de rappeler que le plafond de la dette concerne les dépenses déjà engagées y compris par l’administration Trump, et non celles qui n’ont pas encore été adoptées.

Démocrates et républicains «ont la responsabilité de payer la dette que nous avons déjà contractée. Cela a toujours été fait avec la participation des deux partis», a souligné lundi le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. «Il ne s’agit pas d’un nouveau combat partisan: il s’agit d’éviter une crise qui anéantirait tous les progrès que notre pays a accomplis pour se relever de la crise du Covid», a-t-il assuré.

«Crise financière historique»

L’administration Biden a de nouveau alerté lundi contre le risque d’une «crise financière historique», car les États-Unis ne pourraient plus honorer leurs engagements financiers à partir de la mi-octobre. Taux d’intérêt qui flambent, soldats et retraités sans aucun revenu, nouvelle récession pour les États-Unis et des millions de destructions d’emplois à la clé: la secrétaire au Trésor Janet Yellen a dépeint une vision apocalyptique dans un éditorial publié dans le «Wall Street Journal».

Le plafond de la dette est de nouveau en vigueur depuis le 1er août, à 28’400 milliards de dollars – contre 5 milliards de dollars seulement au milieu des années 90. Il avait été suspendu en août 2019, grâce à un accord entre l’ex-président Donald Trump et les élus démocrates du Congrès. Le sujet est un marronnier de la vie politique américaine, puisque depuis les années 60, le plafond de la dette a été relevé ou suspendu à 80 reprises. Au cours des quatre années du mandat de Donald Trump, trois suspensions avaient été votées par le Congrès.

Échouer à relever le plafond de la dette aurait «de graves conséquences que les experts ne sont pas capables de prévoir à l’avance», avait souligné le Committee for a Responsible Federal Budget, une organisation centriste, dans un document publié le 28 juillet. Les États-Unis n’ont jamais fait défaut, mais en 2011, sous l’administration Obama, l’impasse politique avait conduit l’agence de notation Standard and Poor’s à retirer la note «AAA» à la dette américaine, provoquant une onde de choc sur les marchés.

( )

Ton opinion

2 commentaires