Football: Sion maîtrise à la perfection l’art de se compliquer la vie

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Accroché par Vaduz (2-2) à domicile, le leader valaisan marque durablement le pas. Alors que Thoune s’est rapproché, Didier Tholot ne cache pas un agacement perceptible.

Nicolas Jacquier - Sion
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Nicolas Jacquier - Sion
A Tourbillon, les joueurs du FC Sion ont vécu une soirée pour le moins contrastée. On reconnaît ici Ziegler, Lavanchy et le gardien Fayulu, alors que Traber (à dr.), félicité par Cavegn, vient d’inscrire le 2-1 pour Vaduz.

A Tourbillon, les joueurs du FC Sion ont vécu une soirée pour le moins contrastée. On reconnaît ici Ziegler, Lavanchy et le gardien Fayulu, alors que Traber (à dr.), félicité par Cavegn, vient d’inscrire le 2-1 pour Vaduz.

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Tant en Super League qu’en Challenge League, il fut un temps, pas si éloigné que cela, où l’on a pu penser que tant Young Boys (alors suffisamment détaché pour aisément, croyait-on, se succéder à lui-même) que Sion (comptant sept points d’avance au sortir de la 24e journée) allaient se royaumer et finalement atteindre leur objectif réciproque sans trop de problèmes.

Mais une compétition n’est jamais tout à fait celle que l’on espère et les deux leaders en sont quitte pour se faire quelques frayeurs.

Finale du championnat à Thoune

A Berne, cela s’est traduit par l’éviction de Raphaël Wicky, remplacé par Joël Magnin sur le banc du Wankdorf, tandis qu’en Valais, où la Coupe fait ombrage au championnat, le FC Sion, ayant vu son avance se réduire à quatre points, se retrouve dans le dur jusqu’à sentir à nouveau le souffle du FC Thoune dans son dos.

Un FC Thoune qui compte un match en moins et que les Valaisans retrouveront à la Stockhorn Arena pour un choc au sommet qui s’apparentera à une finale du championnat le 22 avril, soit cinq jours avant leur demi contre Lugano.

Alors que Young Boys bénéficie ces temps-ci du terrible coup de fatigue d’un Servette amorphe, concédant ce samedi une troisième défaite consécutive, Thoune semble pour sa part avoir déjà surmonté son coup de mou si l’on s’en tient au carton que ses joueurs ont infligé samedi face à Xamax (4-0).

Si Sion a pu éviter le pire contre Vaduz en arrachant l’égalisation dans les ultimes secondes grâce au remplaçant Zagré – avec la complicité d’un défenseur adverse -, il ne s’est pas rassuré pour autant, lui dont le jeu s’est totalement délité.

«Ce résultat n’est pas conforme à ce que l’on voulait, mais il est conforme à ce que l’on a proposé»

Didier Tholot, coach du FC Sion

Face à ce leader si éloigné de ses standards, Didier Tholot n’a d’ailleurs pas cherché la moindre excuse. D’abord parce que ce n’est pas le style du bonhomme, ensuite en raison de la vérité du terrain, laquelle racontait une soirée que ses joueurs n’avaient jamais fait mine de pouvoir maîtriser à leur guise. «Ce soir (samedi soir), on a été mauvais, devait convenir le coach de Tourbillon en jouant cartes sur table, ne cherchant nullement à masquer l’agacement compréhensible qui l’habitait. On n’a pas proposé grand-chose en deuxième période. Ce résultat n’est pas conforme à ce que l’on voulait, mais il est conforme à ce que l’on a proposé.»

Manque de profondeur

Sans doute le leader souffre-t-il aussi du manque de profondeur de son effectif. Il est d’ailleurs révélateur de constater que son essoufflement prolongé coïncide avec la blessure de Kevin Bua. Sans lui, le milieu de terrain rouronne, les ballons n’arrivent plus aux attaquants et la fluidité disparaît.

Contre le visiteur venu de la Principauté, les Valaisans ont concédé un nouveau coup de frein à domicile, dans ce Tourbillon qu’il semblait être pourtant si à même de reconquérir cet automne - depuis quelques semaines, le bilan chiffré (3 matches/2 points) demeure désastreux à la maison, surtout en regard de la formidable ambiance mise par le kop de Tourbillon.

Et si Sion se sabordait?

Plus que les points égarés par Sion devant son public, plus que ses occasions perdues, c’est la qualité offerte au niveau de son jeu qui inquiète. Comme si tout se faisait dorénavant à l’emporte-pièce, sans réel fil rouge conducteur ni idée directrice partagée. A l’image d’une défense trop vite aux abois, ne dégageant désormais aucunement une impression de sérénité. Ou d’un secteur offensif apparu bien trop léger. «Ce qui est sûr, reprenait son coach dans les travées de Tourbillon, c’est que ce n’est pas suffisant. Il faut faire attention. (…) Maintenant, il ne faut pas tout jeter non plus. En début de saison, on aurait signé pour être là…»

A trop gâcher les opportunités successives de prendre le large, sinon de préserver à tout le moins son avance, Sion court-il le risque de se saborder, de se retrouver pomme avec le bour alors qu’il possède les meilleurs atouts? Au moment où l’attitude même de quelques éléments interroge, l’heure est sans doute moins aux polémiques – l’emploi de Rusev, international bulgare de son état mais le plus souvent condamné au banc, pourrait fournir du grain à moudre… – qu’à une réelle prise de conscience devenue nécessaire.

«On va aller chercher plus parce qu’il faut en faire plus»

Didier Tholot, coach du FC Sion

Ces prochains jours, tout le travail de Tholot et de son staff consistera donc à retrouver l’identité même du FC Sion, celle-là même qui doit lui permettre de surmonter les écueils qui ne manqueront pas de surgir sur la route de la Super League ces prochaines semaines. «On va aller chercher plus parce qu’il faut en faire plus.»

A vérifier dès samedi prochain à Baden, face à la lanterne rouge (coup d’envoi 18h). Sera-ce le match du renouveau attendu ou celui plongeant le leader dans une crise de confiance plus pernicieuse qu’il n’y paraît de prime abord? Chose déjà acquise: Sion maîtrise à la perfection l’art de se compliquer la vie. Au lieu de jouer librement, sans trop de pression afin de se rapprocher de l’élite sans sourciller, voilà qu’il peut se mettre à trembler.

Et si c’était précisément ce qu’il lui fallait, oui, être dans le dur, sous la menace d’un retour de Thoune, pour rebondir et repartir de plus belle comme par enchantement? Dans un championnat où aucune certitude ne dure très longtemps, la thèse vaut ce qu’elle vaut, mais le doute est néanmoins permis. A Sion de faire en sorte de l’évacuer.

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