CyberattaqueKiev dit avoir des «preuves» de l’implication de Moscou
Deux jours après la vaste cyberattaque contre des sites web de ses ministères, l’Ukraine pointe la Russie du doigt. De son côté, Microsoft parle d’une agression d’une ampleur insoupçonnée.
L’Ukraine a affirmé, dimanche, avoir des «preuves» de l’implication de la Russie dans une cyberattaque d’ampleur qui a visé, cette semaine, plusieurs sites internet gouvernementaux, dans un contexte de vives tensions entre Kiev et Moscou.
«À ce jour, toutes les preuves indiquent que la Russie est derrière la cyberattaque», a déclaré le ministère ukrainien de la Transformation numérique dans un communiqué. La cyberattaque menée dans la nuit de jeudi à vendredi a visé les sites de plusieurs ministères ukrainiens, restés inaccessibles plusieurs heures.
Ce sabotage, selon le ministère, «est une manifestation de la guerre hybride que la Russie mène contre l’Ukraine depuis 2014», année de l’annexion de la Crimée par Moscou, qui a été suivie d’un conflit toujours en cours entre les forces de Kiev et des séparatistes prorusses dans l’Est du pays (plus de 13’000 morts).
Sites inaccessibles
La cyberattaque s’est produite dans la nuit de jeudi à vendredi et a visé les sites de plusieurs ministères ukrainiens, qui sont restés inaccessibles pendant plusieurs heures. L’objectif est «non seulement d’intimider la société», mais aussi de «déstabiliser la situation en Ukraine» en «sapant la confiance des Ukrainiens dans leur pouvoir» avec de «fausses informations sur la vulnérabilité des structures informatiques d’État», selon le ministère.
Kiev et ses alliés occidentaux accusent Moscou d’avoir déployé près de 100'000 soldats à sa frontière en vue d’une agression. Selon des experts, une éventuelle invasion pourrait être précédée par du sabotage informatique visant à désorganiser les autorités ukrainiennes.
Échec des pourparlers
Dans ce contexte instable, le retour prévu lundi, après un mois d’absence, de l’ex-président ukrainien Petro Porochenko (2014-2019) risque de provoquer une crise politique. Principal rival de l’actuel président Volodymyr Zelensky, Petro Porochenko est accusé par Kiev de «haute trahison» pour avoir commercé avec les séparatistes prorusses de l’Est.
Plusieurs pourparlers entre la Russie et les Occidentaux cette semaine ont échoué à calmer les tensions. «En général, sur les questions de principes, nous pouvons désormais dire que nous restons sur des positions (…) totalement divergentes», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une interview à CNN.
«Si la Russie veut continuer sur la voie diplomatique, nous y sommes tout à fait prêts (…) Si la Russie choisit la voie de l’invasion et de l’escalade, nous y sommes prêts aussi avec une riposte ferme», a prévenu sur la chaîne CBS le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan.
«Il faut comprendre que l’agresseur, c’est la Russie», a dit dimanche le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, à la chaîne publique canadienne CBC. «La Russie doit engager une désescalade», mais il faut aussi «envoyer à la Russie le message que nous sommes prêts à discuter et à écouter ses préoccupations». Les États-Unis ont accusé vendredi Moscou – qui a nié – d’avoir déployé en Ukraine des agents chargés d’opérations de «sabotage» afin de créer un «prétexte» pour une invasion.
«Personne ne menace personne de mener une action militaire (…) Ce serait une folie», a assuré Dmitri Peskov sur CNN. «Mais nous serons prêts à mener des représailles» si l’Otan rejette les exigences russes. La Russie réclame des «garanties» visant selon elle à assurer sa sécurité, à commencer par un engagement de l’Otan à ne pas accepter Kiev comme membre.
Avertissement de Microsoft
Dmitri Peskov a nié tout rôle de son pays dans la cyberattaque. Vendredi, les services secrets ukrainiens (SBU) avaient indiqué que les attaques ont visé 70 sites internet gouvernementaux, dont dix ont fait l’objet d’une «ingérence non autorisée», mais «leur contenu n’a pas été modifié et aucune fuite de données personnelles n’a eu lieu».
«L’Ukraine a une longue expérience en matière de sabotage russe, ils ont l’habitude d’y répondre et de s’en remettre», a commenté pour l’AFP John Bambenek, analyste chez Netenrich, une entreprise de cybersécurité. Mais le géant informatique américain Microsoft a averti dimanche que cette cyberattaque massive pourrait rendre toute la structure informatique du gouvernement ukrainien inopérable.
Même si le logiciel malveillant détecté ressemble à un rançongiciel, qui bloque généralement l’accès à l’ordinateur en réclamant le paiement d’une rançon, il vise en fait «à détruire et rendre inopérables les sites visés, et non pas à récupérer une rançon», a écrit Microsoft sur son blog. De plus, l’attaque semble avoir visé plus d’organismes qu’on ne le pensait initialement. De plus, l’attaque semble avoir visé plus d’organismes qu’on ne le pensait initialement, selon Microsoft.