Procès à Vevey (VD)Adolescentes prises au piège sous prétexte de shootings photo
Un coiffeur est jugé pour avoir abusé de jeunes filles dans son salon en région lausannoise, entre 2019 et 2020. Il risque 5 ans de prison.
- par
- Lauren von Beust
Il les repérait sur Instagram ou via le bouche à oreille, les flattait sur leur physique et leur proposait des shootings gratuits, parfois en sous-vêtements ou topless, pour un premier pas vers le mannequinat. Ce coiffeur quadragénaire, qui a utilisé son salon de la région lausannoise comme studio photo, est accusé d’avoir, entre 2019 et 2020, porté atteinte à l’intégrité sexuelle et à la santé d’une vingtaine d’adolescentes, dont certaines n’avaient pas la majorité sexuelle.
Attouchements et pénétration
«Il avait un rôle de confident, voire de mentor, pour elles. Il se faisait passer pour une oreille bienveillante», «ces jeunes femmes ont été manipulées et mises en scène comme des marionnettes», ont expliqué deux avocates de victimes. Jugé lundi au Tribunal correctionnel de Vevey (VD), ce Vaudois doit répondre de treize chefs d’accusation, dont actes d’ordre sexuel avec des mineurs, contrainte sexuelle et encouragement à la prostitution.
Cannabis, alcool et cigarettes étaient à la disposition des adolescentes dans ce salon. Puis celles-ci s’adonnaient à des poses suggestives, voire sexualisées lors de ces shootings, qui tournaient parfois à la séance de massage, avec attouchements, et même à la pénétration digitale pour l’une, alors âgée de 14 ans.
«Face à une personne plus forte, on se sent obligée d’accepter tout ce qu’elle dit. Moi, j'avais peur qu'il m'arrive quelque chose de plus grave si jamais je disais non», a confié une seconde jeune femme. Une troisième confirmera la stature «imposante» de l’accusé.
Des familles entières brisées
Âgée de 16 ans lorsqu’elle a posé en sous-vêtements et dans des positions suggestives, avec deux autres connaissances, une quatrième plaignante raconte avoir fait plusieurs tentatives de suicide depuis et subi des hospitalisations. «J’ai commencé à me détester. J’ai rejeté la faute sur moi», rapporte celle qui est souvent prise de crises de panique à force de vivre dans la peur, et qui a échoué ses études à deux reprises.
«Je souhaite qu’il ne puisse plus jamais faire autant de mal», a-t-elle déclaré aux juges. Avant que sa mère ne lance à l’accusé, caché derrière un paravent: «C’est une honte ce que vous avez fait à ces jeunes filles. Vous avez démoli la vie de la mienne, jamais je ne vous le pardonnerai.» Des familles entières brisées, confirment d’autres parents de victimes.
Déjà condamné par le passé
Le prévenu, qui a été placé 10 mois en détention, évoque une remise en question. «En prison, je me suis rendu compte de l’emprise que j’avais sur elles, des mensonges que j’ai racontés pour avoir de l’attention et du besoin que j’avais d’être suivi.» Si l’homme reconnaît la majorité des faits, il conteste avoir mis à la disposition des ados de la cocaïne et de l’ecstasy. Bien qu’il soit lui-même gros consommateur de drogue.
Il admet avoir montré, à plusieurs d’entre elles, des photos de femmes dénudées aux poses suggestives, mais nie tout acte sexuel sur ces clichés. Comme il réfute leur avoir exposé des images de ses propres parties intimes.
Déjà condamné pour actes d’ordre sexuel avec des enfants – il a lui-même subi un abus étant gamin –, il risque désormais 5 ans de prison, un traitement ambulatoire et une interdiction à vie de pratiquer des activités avec des mineurs. Son avocate a, elle, requis le sursis partiel. Verdict, mardi.