InterviewGjon’s tears: «Zazie a été très franche et bienveillante avec moi»
Le Romand sort son premier album, «The Game», vendredi 28 avril. Il a notamment collaboré avec les artistes français Zazie et Ibrahim Maalouf.
![Fabio Dell'Anna](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/25/0b94a1ca-9e37-419c-9ad0-cfd4479593f2.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C720%2C720&fp-x=0.5138888888888888&fp-y=0.4083333333333333&crop=focalpoint&s=91098cf19f952420583919d44bea5d8e)
Gjon’s tears a sorti un premier album qui s’aventure dans la pop, le disco et le folk et qui met en avant sa sublime voix.
Media profilL’enfant prodige de Suisse romande sort enfin son premier album! Gjon’s tears nous a épatés lors de sa participation à «The Voice» avant de conquérir l’Europe avec sa troisième place à l’Eurovision en 2021. Vendredi 28 avril, le Fribourgeois de 24 ans écrit un nouveau chapitre de sa carrière avec «The Game», un disque qui s’aventure dans la pop, le disco et le folk et qui met en avant sa sublime voix.
Gjon’s tears est venu nous rendre visite à la rédaction pour nous parler de «son bébé» et nous confie comment les collaborations avec Zazie et Ibrahim Maalouf ont eu lieu. Le mois prochain, le Suisse va partir en tournée en France pour présenter ses nouveaux sons. Puis le 8 juin, il sera à Crans (VD), au Caribana Festival.
Il est enfin là votre premier album! Qu’est-ce que vous ressentez?
Je suis supercontent de le sortir. Et surtout fier. J’ai hâte que les gens aillent l’acheter. C’est le disque de la présentation. L’idée de «The Game» est de construire un puzzle de musiques différentes et de montrer toutes ces facettes qui me constituent. Je parle toujours de la dualité entre la vie et la mort et de contraste entre la nostalgie et la mélancolie. Ces treize chansons me représentent complètement.
Vous ouvrez l’album en anglais, une langue qui est plutôt bien présente sur le disque. C’était évident de s’aventurer dans la langue de Shakespeare?
La dualité est non seulement dans les styles de chansons mais aussi dans les langues. C’est très intéressant de comprendre le fonctionnement de l’anglais et du français dans la musique. Ils ont un impact différent. Le français a cette chance de pouvoir être extrêmement frontal et direct. Ce qui peut aussi desservir quand on veut composer avec plus de légèreté. L’anglais offre la possibilité de faire davantage vocalement et de davantage s’amuser avec les notes. Certains morceaux ont été enregistrés dans les deux langues afin d’être sûr d’avoir la meilleure version. Quand l’anglais est présent, c’est pour de bonnes raisons.
«Quand mes parents sont venus en Suisse, ils n’avaient rien. Ils ont dû construire tout ce qu’ils ont aujourd’hui. Le fait que je décide de faire de la musique, donc de recommencer à zéro, c’était risquer de tout foutre en l’air.»
Dans le titre «The Game», vous dites: «Je n’ai pas eu ce que je veux de ce monde, mais je cherche ma voie.»
On se retrouve sur cette planète qui prend feu et devient un peu apocalyptique. On n’a pas trop envie d’être là, mais on n’a pas le choix. Pourquoi est-on là? Pour jouer à ce jeu de la vie. Je vois vraiment chaque étape de la vie, chaque chose que l’on vit, chaque relation, comme une manche. On peut perdre ou gagner une manche. L’essentiel n’est pas de gagner ou de perdre cette manche, mais le chemin entre les manches, le goût retrouvé de l’innocence.
Sur la chanson «Feeling Alone» vous dites être entouré de gens mais vous sentir seul. Est-ce un sentiment que vous avez toujours ressenti?
C’est une chanson que j’ai écrite il y a un petit bout de temps. Ce que je voulais exprimer à ce moment-là, c’était d’avoir choisi un destin incertain comme l’est la musique. Un chemin qui était un peu plus compliqué à comprendre. Quand mes parents sont venus en Suisse, ils n’avaient rien. Ils ont, entre guillemets, construit avec le temps tout ce qu’ils ont aujourd’hui. Le fait que je décide de faire de la musique, donc de recommencer à zéro, c’était risquer de tout foutre en l’air. Je pense que c’est ce qui me faisait sentir seul.
Vous avez participé à la version All Stars de «The Voice» dans le but de collaborer avec Zazie, et elle vous a écrit «Un cœur qui cogne».
C’était chouette, ça me permettait de rencontrer Zazie et aussi mon label actuel. Mais je ne voulais pas mélanger les choses, je ne voulais pas lui parler de tout ça pendant l’émission. C’est autour de la demi-finale que j’ai eu l’occasion de lui dire mon admiration par rapport à son travail et de lui proposer d’écrire avec moi. Elle a été bienveillante, très franche. Elle m’a dit: «Ce n’est pas parce que tu sais chanter que tu sais écrire et composer. Envoie-moi un enregistrement et je te répondrai.» C’est ce que j’ai fait, et elle m’a appelé cinq minutes après. On a parlé pendant des heures de ce titre et de beaucoup de choses. J’ai eu extrêmement de chance de pouvoir travailler avec des gens que j’admire. Parfois, quand on les rencontre, on peut être déçu. Mais que ce soit avec Zazie sur «Un cœur qui cogne» ou Ibrahim Maalouf sur «Cancer», je me suis retrouvé face à des gens humainement extraordinaires.
En parlant d’Ibrahim Maalouf, comment s’est déroulée votre rencontre?
D’abord virtuellement, par message. C’est Julie Bertholet qui nous a mis en contact. La collaboration a été extrêmement fluide. Il a enregistré sa partie au Liban, car il avait pas mal de concerts à ce moment-là. Puis on a pu vraiment discuter au Montreux Jazz. C’était notre première rencontre.
Avec tous ces différents aspects sur ce disque, quel est le dénominateur commun?
Ma voix. Je ne compte pas réinventer la musique, je veux juste la réinterpréter à ma manière. Je m’aventure sur les styles qui me correspondent comme la pop, le folk ou encore le disco. Après, qui sait, pour les prochains albums j’essaierai quelque chose de plus expérimental.