Nouvelle-CalédonieLes indépendantistes appellent à ne pas participer au référendum
En Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes réclament le report du troisième référendum sur l’indépendance du 12 décembre, en raison de l’épidémie de Covid-19.
En Nouvelle-Calédonie, le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) a appelé jeudi à la «non-participation» au référendum sur l’indépendance du 12 décembre, demandant son report en 2022 à cause de l’épidémie de Covid-19. Les loyalistes ont riposté en annonçant une reprise de leur campagne.
Dans un communiqué, les indépendantistes kanak ont reproché à l’État de vouloir «maintenir coûte que coûte la troisième et ultime consultation référendaire» de l’Accord de Nouméa (1998), qui organise la décolonisation par étapes de l’île.
Deux précédents référendums ont lieu les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020 et ont été remportés par les partisans du maintien dans la France avec 56,7% puis 53,3%. «Le gouvernement s’entête à vouloir faire primer la campagne présidentielle dans le seul but de solder l’Accord de Nouméa sous son quinquennat», a affirmé le Bureau Politique de la coalition indépendantiste.
«Pas équitable»
Cette prise de position intervient au lendemain de la visite en Nouvelle-Calédonie du ministre français des Outre-mer, Sébastien Lecornu, au cours de laquelle les leaders indépendantistes avaient demandé le report du vote, au regard de la virulente épidémie de Covid-19, qui a fait 245 morts depuis début septembre et nécessité des mesures de confinement.
«La campagne ne sera pas équitable. Les débats se focalisent sur le soutien de la France dans cette crise Covid et nous, on ne pourra pas faire campagne parce que nos populations sont en deuil», a justifié auprès de l’AFP Jean Creugnet, porte-parole du FLNKS. Favorable au maintien de la date du 12 décembre, «pour libérer l’horizon des Calédoniens», le groupe «Les voix du NON», qui agrège les principaux partis loyalistes, a accusé le FLNKS «d’instrumentaliser la situation (sanitaire)».
«La seule réaction qu’on a, c’est qu’on reprend la campagne. (La décision des indépendantistes) traduit une crainte de leur part du résultat du référendum», a fustigé sur Nouvelle-Calédonie la 1ère, Christopher Gygès, directeur de campagne. Il a précisé que son mouvement «allait accélérer la campagne digitale» et organiser des réunions «d’ultra-proximité dans le respect des gestes barrière», tout en soulignant «l’amélioration des indicateurs sanitaires».
«Internationalisation»
Lors de son déplacement, Sébastien Lecornu avait estimé que la situation sanitaire «est tendue mais tenue» alors que l’épidémie de coronavirus est en recul et que la tension a baissé dans les services hospitaliers. Il avait déclaré que «seule une épidémie hors de contrôle» pourrait conduire à un report du troisième et dernier référendum de l’accord de Nouméa (1998), processus de décolonisation progressif.
Mercredi devant le Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation de l’ONU, l’ambassadeur de Papouasie-Nouvelle-Guinée aux Nations Unies avait, au nom du groupe du Fer de Lance Mélanésien (GFLM), lui aussi préconisé un décalage dans le temps du référendum.
Max Hufanen Rai avait jugé que les circonstances actuelles en Nouvelle-Calédonie «ne présentent pas un environnement propice à un déroulement équitable, juste, crédible, transparent et pacifique» du scrutin dont «l’intégrité et la crédibilité sont sérieusement en jeu».
«Cette intervention vise à internationaliser la position du Front. C’est important car nous faisons partie des 17 territoires non-autonomes du monde, qui bénéficient du soutien de l’ONU pour leur accession à la pleine souveraineté», a indiqué sur radio Djiido Victor Tutugoro, signataire de l’accord de Nouméa, au rang des ténors indépendantistes.