ItalieRome défend sa nouvelle ligne dure en matière migratoire
Alors que des centaines de migrants sont toujours bloqués en mer au large de l’Italie, la Première ministre italienne Giorgia Meloni juge que son gouvernement «respecte toutes les conventions internationales».
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Le migrants ne sont pas des «naufragés», estime la dirigeante de Fratelli d’Italia.
AFPLa Première ministre italienne Giorgia Meloni a défendu mercredi sa politique autorisant seulement les migrants les plus vulnérables à débarquer des navires humanitaires, affirmant qu’ils ne sont «pas des naufragés», a rapporté la presse. La dirigeante de Fratelli d’Italia a également jugé «bizarre» la décision des autorités sanitaires de débarquer des centaines de personnes de deux navires humanitaires amarrés en Sicile, selon les médias lors d’une réunion à huis clos.
Ces déclarations interviennent alors que Rome a déclaré vouloir envoyer un message à l’UE avec sa ligne dure en matière de politique migratoire, sur fond de tensions avec Paris au sujet de l’accueil de l’Ocean Viking, navire humanitaire de l’ONG SOS Méditerranée.
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L’Ocean Viking n’a toujours pas reçu le feu vert pour accoster en Italie.
«Le gouvernement italien respecte toutes les conventions internationales», a assuré Mme Meloni, selon l’agence de presse Ansa. Le refus adressé aux navires «de s’arrêter dans les eaux italiennes, au-delà du temps nécessaire aux opérations de sauvetage et d’aide aux personnes fragiles, est justifié et légitime», a-t-elle ajouté. «A bord de ces bateaux, il n’y a pas de naufragés mais des migrants.»
Le gouvernement italien a autorisé deux navires humanitaires à accoster en Sicile ce week-end, mais seuls les migrants les plus vulnérables ont été autorisés à débarquer dans un premier temps, essentiellement des femmes et des mineurs. Face à la pression des ONG alertant sur les conditions d’hygiène à bord, les autres passagers ont finalement été débarqués mardi soir.
Un choix «bizarre»
Mme Meloni a déclaré que cette décision avait été prise par les autorités sanitaires, «les déclarant fragiles sur la base d’éventuels risques de problèmes psychologiques», un choix «que nous avons trouvé bizarre», a encore rapporté l’Ansa.
De son côté, le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a indiqué que cette approche sélective était un signal envoyé à l’Union européenne. «Et la décision du président (français) Macron d’ouvrir le port de Marseille à l’Ocean Viking montre que quelque chose bouge», a-t-il dit. Mais Paris n’a pas confirmé cet accueil et condamné un «comportement inacceptable» de l’Italie, l’appelant à «respecter ses engagements européens». Mardi soir, les services de Mme Giorgia Meloni avaient fait savoir qu’elle remerciait la France, qui, selon elle, acceptait d’accueillir l’Ocean Viking dans un de ses ports avec 234 migrants à bord.
M. Tajani a indiqué qu’il soulèverait la question de l’immigration lors d’un Conseil des ministres de l’UE la semaine prochaine. Rome souhaite «un accord pour établir, sur la base de la population, comment les migrants ayant le droit d’asile sont relocalisés dans différents pays», a-t-il déclaré. L’Italie fait également pression pour que l’UE conclue des accords avec les pays d’Afrique du Nord afin d’empêcher les migrants de partir et d'»arrêter les trafiquants, qui détruisent les moteurs de leurs bateaux".