Voitures électriques aux USAL’UE dénonce une mesure américaine discriminatoire
Bruxelles s’inquiète du crédit d’impôt prévu aux États-Unis pour l’achat d’une voiture électrique, qui discrimine les constructeurs automobiles européens.
L’UE s’est déclarée jeudi «extrêmement préoccupée» par la mise en place attendue aux États-Unis d’un crédit d’impôt allant jusqu’à 7500 dollars pour l’achat d’une voiture électrique, dénonçant une mesure discriminatoire pour les constructeurs automobiles européens. Après 18 mois de négociations, le Sénat américain a adopté dimanche le grand plan du président Joe Biden sur le climat et la santé, approuvant notamment ce crédit d’impôt pour l’acquisition d’un véhicule électrique sortant d’une usine américaine et équipé d’une batterie produite aux États-Unis.
«L’UE est extrêmement préoccupée par ce projet de loi touchant aux échanges commerciaux transatlantiques. Nous pensons qu’il est discriminatoire pour les constructeurs étrangers par rapport aux constructeurs américains», a souligné une porte-parole de la Commission européenne, Miriam Garcia Ferrer. En outre, une telle disposition «serait incompatible» avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a-t-elle jugé. Bruxelles et Washington ont eu ces dernières années plusieurs différends importants devant l’OMC, notamment sur les aides à l’avionneur américain Boeing ou des droits de douane américains visant l’acier européen.
Gonfler la production européenne
Le crédit d’impôt sur les voitures électriques, qui doit maintenant être voté par la Chambre des représentants avant sa promulgation, intervient au moment où les Européens cherchent à gonfler leur propre production de batteries électriques à coups d’investissements colossaux. «Les crédits d’impôt constituent une mesure incitative importante pour encourager la demande de voitures électriques (…) mais nous devons nous assurer que les mesures introduites sont équitables», a déclaré la porte-parole lors d’un point de presse régulier. «Nous continuons donc d’exhorter les États-Unis à supprimer ces éléments discriminatoires du projet de loi et à veiller à ce qu’il soit pleinement conforme à l’OMC», a-t-elle souligné.
De son côté, l’Alliance pour l’innovation automobile, groupement de constructeurs américains et étrangers représentant près de la totalité des voitures vendues aux États-Unis, trouve le projet de loi trop restrictif. Selon son PDG, John Bozzella, quelque 70% des modèles de véhicules électriques actuellement vendus aux États-Unis ne seraient pas éligibles au crédit d’impôt. Il a exhorté Washington à élargir les critères pour l’origine des composants de batterie, afin d’«inclure des pays de production qui ont des accords de défense collective avec les États-Unis, comme les membres de l’OTAN, le Japon et d’autres».