Diplomatie: la France rapatrie 35 mineurs et 16 mères détenus dans des camps syriens

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JihadismeLa France rapatrie 35 mineurs et 16 mères détenus dans des camps syriens

Il s’agit du premier rapatriement massif d’enfants et de leurs mères depuis la chute en 2019 du «califat» du groupe État islamique, d’où avaient été planifiés les attentats de Paris en 2015.

Convertie à l’islam, la jihadiste bretonne Émilie König est partie en Syrie en 2012. Visée par un mandat d’arrêt, elle fait partie des 16 mères rapatriées en France, où elle va être inculpée.

Convertie à l’islam, la jihadiste bretonne Émilie König est partie en Syrie en 2012. Visée par un mandat d’arrêt, elle fait partie des 16 mères rapatriées en France, où elle va être inculpée.

AFP PHOTO/HO/YPG

La France a rapatrié mardi 35 mineurs et 16 mères des camps de déplacés dans le nord-est de la Syrie, dont Émilie König, l’une des jihadistes françaises les plus connues. Cette annonce du Ministère français des affaires étrangères éveille l’espoir des ONG et familles de voir cesser la politique «inhumaine» du «cas par cas». Il s’agit du premier rapatriement massif d’enfants et de leurs mères depuis la chute en 2019 du «califat» du groupe État islamique (EI), d’où avaient été notamment planifiés les meurtriers attentats du 13 novembre 2015 en France.

Selon le Parquet national antiterroriste (PNAT), sur les 35 mineurs, sept sont des enfants isolés. Quant aux 16 femmes, âgées de 22 à 39 ans, «quatre avaient déjà consenti au retour de leurs enfants au cours des derniers mois» et «12 sont revenues accompagnées de leurs enfants». Elles ont la nationalité française «sauf deux d’entre elles qui ont en revanche des enfants français», précise le PNAT dans un communiqué. Parmi elles, figure Émilie König, 37 ans, originaire de Bretagne, partie en Syrie en 2012. Elle est soupçonnée d’avoir agi comme recruteuse, notamment, pour l’EI.

Toutes devraient être inculpées

Comme elle, sept autres femmes visées par un mandat d’arrêt devraient se voir notifier dès mardi leur mise en examen. Les huit autres, visées par un mandat de recherche, vont être placées en garde à vue et devraient ensuite être présentées à un juge d’instruction en vue de leur mise en examen. Un mineur de 17 ans et sept femmes ont été placés en garde à vue à la DGSI (sécurité intérieure), selon une source proche du dossier. La huitième a été placée en garde à vue à la Section antiterroriste de la préfecture de police de Paris.

Aucun détail n’a officiellement été donné sur ce premier rapatriement d’enfants et mères français détenus dans un camp contrôlé par les Kurdes. «Les services de renseignement sont venus hier matin dans les camps de Roj avec des listes et photos des familles qu’ils entendaient rapatrier», a témoigné sous le couvert de l’anonymat l’oncle de deux enfants encore sur place.

Une question épineuse

Les 35 enfants rapatriés, pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance, rejoignent les 126 mineurs déjà revenus depuis 2016 de territoires repris à l’EI. En 2019, près de sept Français sur dix étaient opposés au retour des enfants de jihadistes, selon un sondage. La question reste aujourd’hui lancinante en France où avocats, parlementaires, ONG et instances indépendantes exhortent régulièrement les autorités à suivre le pas de l’Allemagne et de la Belgique, qui ont récupéré une grande partie de leurs ressortissants détenus dans les camps syriens.

Mardi, la secrétaire d’État française à l’Enfance Charlotte Caubel a twitté: «Nous poursuivrons leur rapatriement tant qu’il le faudra pour les protéger». Le «Collectif des familles unies» a de son côté indiqué dans un communiqué «espérer» que ce rapatriement «signe la fin de cette abjecte politique du «cas par cas» qui revient à trier des enfants, à séparer les fratries et à arracher des enfants à leurs mères». «Rien ne justifie que ces enfants soient privés de libertés et leur vie sacrifiée sur l’autel de l’opinion publique», a également réagi Martin Pradel, avocat de familles.

(AFP)

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