Genève: Le premier loup tiré au Marchairuz a pris place au musée

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GenèveLe premier loup tiré au Marchairuz a pris place au musée

Un mâle de 3 ans, qui avait été abattu en mars 2022, a été intégré à l’exposition des Trésors du Muséum d’histoire naturelle. 

Jacqueline Favez
par
Jacqueline Favez

Il avait 3 ans et, une nuit de mars 2021, il a été abattu près de Montricher (VD). Il a été le premier à faire les frais de la régulation voulue par les autorités cantonales afin de limiter les attaques commises par des loups dans des pâturages du Jura vaudois. Une situation hautement émotionnelle, où les éleveurs ayant perdu des bêtes, moutons ou jeunes bovins, réclamaient la tête des prédateurs tandis que les défenseurs du loup arpentaient les forêts pour tenter d’empêcher les gardes-faune de procéder aux tirs autorisés par la Confédération. Il s’avérera par la suite que ce jeune mâle ne faisait pas partie de la meute du Marchairuz qui était visée par cette régulation. 

Deux ans plus tard, celui qui a été identifié par la suite sous le code de M233, fait son entrée au Muséum d’histoire naturelle de Genève (MHNG), après être passé entre les mains de taxidermistes. Dans un communiqué, il est présenté comme un spécimen exceptionnel, «d’une part parce qu’il s’agit d’un loup sauvage, et non issu d’un élevage, et d’autre part parce qu’il est un représentant de la souche qui colonise actuellement la Suisse, qui n’est plus la même que celle qui avait fini par être exterminée au cours des 19e et 20e siècles», commente Manuel Ruedi, conservateur en mammalogie du muséum. Lui, comme ses congénères qui se trouvent actuellement en Suisse, est un descendant des loups qui ont survécu dans les Apennins, en Italie. 

Sensibiliser le public

Ce nouveau venu a donc toute sa place dans le cadre de l’exposition «Trésors», qui retrace la vie des collections scientifiques de l’institution. Qui espère que sa présence permettra de sensibiliser le public afin que le loup ne soit plus vu «comme une créature effrayante rôdant la nuit et s’attaquant au bétail et aux enfants». M233 est du reste présenté dans une posture non agressive, qui invite à l’admirer et à faire sa connaissance, plutôt que d’en avoir peur.  Les visiteurs auront tout loisir de croiser son «regard», fruit de l’admirable travail réalisé par les personnes chargées de lui «redonner vie», notamment grâce aux yeux de verre dont la dépouille du loup a été dotée. 

Visé en plein coeur

Si ce jeune mâle a pu être pris en charge par des taxidermistes en vue d’être exposé, c’est parce qu’il a succombé à un tir «propre». Touché en plein coeur, le loup n’avait qu’une blessure facile à dissimuler. «En plus, il est présenté au public du côté qui n’a pas été abîmé par le tir», note Manuel Ruedi. 

Population en augmentation

Depuis une trentaine d’années, le loup a été à nouveau aperçu en Suisse et, en 2012, un premier couple s’est établi sur notre territoire. Depuis, la population de loups ne cesse d’augmenter et on recense de nombreuses meutes, ainsi que des individus isolés. En Suisse romande, ils sont particulièrement présents dans l’arc jurassien et en Valais. 

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