Hockey sur glaceLa finale replonge La Chaux-de-Fonds dans les années 60-70
Les Abeilles, qui accueillent Olten ce dimanche (17h) aux Mélèzes pour l’acte III de la série pour le titre de Swiss League, font revivre à leurs historiques supporters la période dorée du club.
- par
- Chris Geiger La Chaux-de-Fonds
«Guichets fermés» était inscrit en grand sur les divers écriteaux placardés aux caisses closes de la patinoire des Mélèzes, mercredi en fin de journée, à quelques heures du coup d’envoi de l’acte I de la finale des play-off de Swiss League. Ces pancartes, le service administratif du HC La Chaux-de-Fonds les utilise à chaque rencontre à domicile des Abeilles depuis le 4 mars dernier. Le troisième duel contre Olten, prévu ce dimanche (17h), ne fera pas exception.
Les excellents résultats obtenus jusqu’à présent par la formation entraînée par Louis Matte, qui est allée faire le break vendredi soir au Kleinholz (victoire 1-3 contre les Souris soleuroises), ont refait du vénérable antre chaux-de-fonnier l’endroit le plus prisé de la métropole horlogère. Car depuis quelques semaines, cette dernière vit à nouveau au rythme des exploits de ses hockeyeurs favoris. Comme dans les plus belles années du club, lorsqu’il régnait sur le pays (sextuple champion de Suisse entre 1968 et 1973).
«1971, c’était vraiment la grande année, se remémore Daniel, 67 ans. Lors du tour final, qui comprenait aussi Ambri, Sierre et Kloten, il y avait 8000 personnes pour assister à la victoire 10-1 de La Chaux-de-Fonds contre Ge/Servette, du fameux entraîneur Jean Cusson. Ces souvenirs ont plus de 50 ans, mais ils sont toujours vivants dans ma mémoire. Ce sont des souvenirs personnels qui sont en lien avec ce qu’il se passe aujourd’hui.»
Si les Mélèzes ne peuvent plus accueillir autant de monde – la capacité maximale actuelle est de 5225 places –, ils continuent de rassembler, de vibrer et de rugir. Pour tous les chanceux qui ont vécu l’époque dorée du HCC, les repères sont toujours bien présents.
«Je retrouve l'arrivée dans le lieu depuis le centre-ville avec les bus gratuits, mais aussi une atmosphère qui est positive, poursuit notre interlocuteur. L’équipe a beaucoup gagné cette saison, ce qui rappelle l’époque où on gagnait tout en Ligue A. L’équipe de Suisse était alors celle de La Chaux-de-Fonds et inversement. Par contre, ce qui a changé, ce sont les innombrables queues devant la patinoire pour manger avant la rencontre. Il y avait moins ça à l’époque. On allait plus vite prendre notre place, tellement c’était serré à l’intérieur. Pour la ville, cette finale est probablement un élément très important car c’est vrai que tout ne va pas très bien. Cela mobilise toute la ville. La preuve, je n’étais pas venu aux Mélèzes depuis cinq ans.»
Christiane (67 ans) a, elle aussi, retrouvé récemment le chemin de l’antre des Abeilles. De quoi se replonger dans ses lointains souvenirs. «Je venais à tous les matches à domicile avec mon papa entre 1965 et 1974, se rappelle-t-elle. Le travail faisant, on avait ensuite déménagé. Mais depuis deux saisons, j’ai à nouveau la possibilité de venir à la patinoire quand j’ai envie étant donné que je suis à la retraite. Je retrouve l’ambiance qu’il y avait dans les belles années. Ce qui est surtout beau à voir, c’est qu’il y a des personnes de tous les âges.»
Puis de se lancer dans le petit jeu des comparaisons. «Au niveau des températures, il fait toujours aussi froid et c’est tant mieux, rigole-t-elle. À part le toit de la patinoire, il n’y a pas grand-chose qui a changé. À La Chaux-de-Fonds, il y a un véritable amour du hockey. Sinon, je trouve que le jeu a évolué et que les équipes jouent de manière plus rapide. C’est impressionnant. Ce n’est presque plus le même sport.»
À l’époque, les stars des Abeilles se nommaient Gaston Pelletier, Michel Turler ou encore René Huguenin. Marie-Claire (67 ans), alors toute petite, était déjà présente dans les gradins pour assister aux multiples victoires des Haut-Neuchâtelois.
«Je viens aux Mélèzes depuis mes 5 ou 6 ans, se souvient-elle. Mon papa aimait beaucoup le sport. Il nous emmenait, mes frères et moi. Mes frangins ont ensuite fait du hockey. Puis il y a eu mes fils et mon neveu. En résumé, toute ma famille a toujours fait du hockey. Heureusement que j’aime ce sport!»
Avec l’ambiance qui règne autour et dans la patinoire depuis le début des play-off, la sexagénaire n’est pas dépaysée. «À l’époque, il y avait déjà une très grande ambiance, notamment lors des différentes finales, confie Marie-Claire. Le public était déjà bien présent. C’était chouette. Il faut dire que les Mélèzes rassemblent la population depuis des années, même s’il y avait aussi Young Sprinters à l’époque. Il n’y a pas que les Chaux-de-Fonniers qui viennent à la patinoire. J’habite aux Brenets et je suis étonnée du nombre de Français qui viennent assister aux matches.»
Le spectacle proposé depuis le début de l’exercice par les Abeilles, qui ont déjà trouvé la faille à 260 reprises (!) cette saison, est tel que les gens semblent se prendre rapidement au jeu. Piqués, les nouveaux-venus au stade ont, en quelque sorte, attrapé le virus, à en croire Marc-André.
«Je connais des gens – des étrangers d’ailleurs – qui n’avaient jamais mis les pieds à la patinoire et qui s’y rendent désormais en famille, note notre intervenant de 65 ans. Ça, on le ressent. Il y a aussi les vitrines des commerçants de La Chaux-de-Fonds qui sont décorées aux couleurs du HCC. On l’avait déjà vu par le passé, mais on le voit beaucoup plus cette année. Je ne suis pas un pilier de bistrots, mais c’est vrai que dans les rares restaurants où je vais, on parle beaucoup de hockey. C’est aussi le cas sur les réseaux sociaux.»
Puis d’expliquer ce qui, selon lui, fait le succès de La Chaux-de-Fonds sur et en-dehors de la glace. «On retrouve l’ambiance et la foule des promotions et des finales des années 1990-2000, mais avec plus de positivité. À l’époque, il y avait des tiraillements au sein du comité. Désormais, on voit le président qui mange ses frites au milieu des supporters. Tout le monde est en communion. Ça se reflète sur la glace, où il y a une espèce d’osmose qui s’est créée. L’esprit d’équipe est incroyable: tout le monde tire à la même corde. Quand quelqu’un fait une mauvaise passe, il y a toujours un coéquipier qui est là pour récupérer le puck.»
Cette solidarité, les joueurs de Louis Matte vont tâcher de la conserver ce dimanche pour l’acte III. Histoire de faire un pas supplémentaire vers le titre de Swiss League dans cette finale au meilleur des sept matches. Et de continuer à faire la fierté de leurs supporters.