VenezuelaL’élection présidentielle fixée au 28 juillet, sans l’opposition
Le Conseil national électoral a fixé l’élection présidentielle au 28 juillet prochain au Venezuela, alors que la candidate de l’opposition est toujours jugée inéligible.
L’élection présidentielle au Venezuela se déroulera le 28 juillet, a décidé mardi le Conseil national électoral. Le chef de l’État Nicolás Maduro devrait annoncer sa candidature à un troisième mandat, mais le nom du candidat de l’opposition demeure inconnu.
Le 28 juillet est la date de naissance de l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013), décédé le 5 mars 2013 et dont Nicolas Maduro revendique l’héritage «chaviste». Gouvernement et opposition avaient convenu en octobre à la Barbade de l’organisation de ce scrutin au cours du second semestre 2024 en présence d’observateurs internationaux.
Cet accord, sous l’égide notamment de la Norvège, médiatrice dans les négociations, ouvrait aussi à ceux «aspirant à se présenter» la possibilité de contester devant la justice leur inéligibilité. Et l’opposition espérait que cette procédure permettrait à sa championne, Maria Corina Machado, déclarée inéligible par la justice, de pouvoir finalement se présenter.
Campagne du 4 au 25 juillet
Mais la Cour suprême, accusée d’être aux ordres du pouvoir, a confirmé le 26 janvier l’inéligibilité de celle qui avait remporté haut la main en octobre la primaire de l’opposition vénézuélienne, recueillant plus de deux millions de voix et 92% des suffrages.
Pas d’élections «sans moi», avait lancé après sa condamnation à 15 ans d’inéligibilité Maria Corina Machado qui persiste à vouloir se présenter. Pour la Norvège, il est «fondamental» que s’applique l’accord de La Barbade. Les candidatures pourront être déposées du 21 au 25 mars. La campagne électorale est prévue pour s’étaler du 4 au 25 juillet, a précisé le CNE.
Soumis à des sanctions individuelles des États-Unis depuis 2017 et de l’Union européenne depuis 2020, le président du Conseil national électoral Elvis Amoroso avait été chargé de disqualifier Maria Corina Machado mais également l’opposant Henrique Capriles, candidat malheureux en 2012 face à Hugo Chavez.
Allié russe
La décision de la Cour suprême a été vigoureusement dénoncée par Washington, l’UE et plusieurs pays d’Amérique du Sud. Dans la foulée, les États-Unis ont annoncé réactiver les sanctions contre le secteur pétrolier et gazier du Venezuela, suspendues pour six mois dans le sillage de l’accord de La Barbade.
Caracas, qui a Moscou pour allié, a aussitôt dénoncé le «chantage» américain. Nicolás Maduro a exprimé à maintes reprises son soutien au chef de l’État russe Vladimir Poutine avant et après le début de la guerre en Ukraine.
Les relations entre le Venezuela et la Russie se sont renforcées sous le gouvernement de l’ancien président Chavez (1999-2013) qui avait à l’époque soutenu Moscou pendant la guerre en Géorgie en 2008.
Pré-campagne
Une atmosphère de pré-campagne électorale règne déjà dans les rangs du parti au pouvoir. Nicolas Maduro a entamé des déplacements en province, ce qui était jusqu’à présent l’exception. Le slogan de soutien au président, «Allez Nico!», a été scandé dans l’hémicycle du parlement mardi après l’annonce de la date du scrutin.
Maria Corina Machado est elle aussi en pré-campagne: elle a effectué la semaine dernière une tournée dans les régions de l’est du Venezuela. Ce mardi, elle est à Barinas, l’État natal d’Hugo Chavez, remporté par l’opposition à l’issue de l’élection des gouverneurs en 2021.
Les experts s’accordent cependant à dire que Maria Corina Machado pourrait finir par être contrainte à désigner un successeur. D’autres candidats, très éloignés de l’opposition qui les qualifie de «collaborateurs», ont également annoncé leur intention de se présenter. Ce qui, selon les analystes, vise à diviser le vote anti-Maduro.