FootballMario Balotelli et la commedia dell’arte
Briller, faire briller, s’arrêter en plein vol: l’Italien a fait ce qu’il voulait samedi contre Lucerne (victoire 2-0). Son potentiel de footballeur s’assortit très bien avec ses qualités de comédien.
- par
- Florian Vaney
Au-delà des liasses de billets qui nourrissent le lien, c’est dans ces soirées-là qu’on comprend comment Mario Balotelli et le duo Constantin ont pu s’entendre. Dans cette liaison, la quête de rationalité n’est rien par rapport à la recherche du spectacle. L’Italien ayant mis ses qualités de footballeur au service de son rôle hors pair de comédien samedi soir, tout est limpide. Qu’il soit intrus ou buteur providentiel, Balotelli se veut avant tout une tête d’affiche. Qui veut bien qu’on lui assigne une position pour la forme. tant qu’il peut improviser. À Tourbillon ce week-end, il était difficile de poser ses yeux ailleurs.
Les trois enseignements
Cinq matches sous le maillot du FC Sion, cinq prestations hétéroclites. Trouver de la continuité dans ce que présente Mario Balotelli, et donc la solution idéale pour l’intégrer, n’a rien d’évident. Il convient tout de même de remarquer que le numéro 45 monte en puissance et, surtout, qu’il est prêt à tout détruire quand l’envie l’en prend. C’est lui qui décide pour les autres, pas l’inverse. Passées les quelques minutes qui ont suivi son goal splendide (33e), il a arrêté de jouer. Redevenant le personnage statique autour duquel le jeu se déroule.
L’Italien est un acteur avant d’être un footballeur. Ses bras ouverts pour célébrer son but, ce sont ceux d’une vedette en représentation qui réceptionne les hourras et les bravos. Cette façon de feindre une blessure en se tenant le dos dès sa célébration, c’est un avertissement: jamais rien n’est acquis avec lui. Son bouclier contre les conclusions hâtives est en acier trempé.
Le FC Sion perturbé par Mario Balotelli a existé. Celui qui se plie en quatre pour lui trouver une place quitte à en perdre son jeu aussi. Samedi soir, on a vu celui qui ne pouvait s’exprimer presque qu’à travers son attaquant star. Pas parce que le Transalpin aspirait tous les ballons à lui, simplement parce qu’il a longtemps fait figure d’unique solution pour créer quoi que ce soit offensivement. Ne reste finalement plus qu’une version à atteindre: celle où le buteur réussit à s’inscrire dans un Sion dominateur. Mardi à Winterthour?
Le défenseur du match: Nathanaël Saintini
On retrouve le Nathanaël Saintini dominant du début de saison. Il y avait un nouveau système à absorber, l’absence de son compatriote Dimitri Cavaré à côté de lui à accepter, un Lucerne souvent posté dans le camp valaisan obligeant à une vigilance permanente: bref, un contexte pas évident. Le Guadeloupéen s’en est sorti avec autorité, malgré quelques hésitations pardonnables. Il est assurément un des hommes du match. Celui qui rappelle que Sion a aussi souvent souffert samedi.
Le milieu de terrain du match: Musa Araz
S’il fallait ériger un onze type de Super League après onze journées, on ne voit pas comment celui-ci pourrait être construit sans y placer Musa Araz. Le Fribourgeois revit, et réussit la prouesse d’être un homme de l’ombre dont l’absence saute aux yeux lorsqu’il manque. Il a une fois de plus tourné comme une hélice contre Lucerne. Jusqu’à inscrire un 2-0 qui le caractérise très bien, tout en abnégation au bout d’une immense course.
L’attaquant du match: Mario Balotelli
Tout est déjà dit ou presque. Jeu à une touche de balle, recherche de la difficulté, puissance dans les duels, but phénoménal: il sera difficile de faire plus impressionnant que les 35 premières minutes de Mario Balotelli cette saison en Suisse.
L’improvisation du match
Impossible d’en vouloir à Paolo Tramezzani d’avoir innové samedi. Le contexte l’y incitait plus que fortement, en l’absence de la moitié de sa ligne défensive habituelle (Numa Lavanchy et Dimitri Cavaré). Peut-être aussi pour prendre un maximum de distance avec la nette défaite du match aller à la Swissporarena, l’entraîneur valaisan a opté pour un 3-5-2, qui nécessitait pas mal d’adaptations moyennement naturelles. Il a ainsi été demandé à François Moubandje (en défense centrale), Giovanni Sio et Baltazar Costa (dans les couloirs) d’évoluer à un nouveau poste. Le résultat final dit que cela a fonctionné. La manière cherche plutôt à nous faire comprendre que Sion s’en est vraiment bien tiré. Et que sa version à quatre défenseurs compte encore un peu d’avance.
La question
Quelqu’un est-il capable d’exprimer un pronostic sensé et pertinent sur ce à quoi pourrait ressembler le déplacement des Valaisans mardi à Winterthour? Il devient vraiment compliqué d’y voir clair dans ce FC Sion.