Conflit Israël-HamasDésertée, la Vieille Ville de Jérusalem souffre de la guerre
Depuis le 7 octobre, les touristes se font rares dans les ruelles de la ville sainte d’ordinaire grouillantes de monde. Les commerçants se retrouvent sans revenu.
Avant le 7 octobre, elles grouillaient de monde. Mais les rues de la Vieille Ville de Jérusalem sont désormais vides, la guerre entre Israël et le Hamas ayant interrompu le flot de touristes et mis les commerçants à rude épreuve. Dans le dédale des ruelles amenant aux bazars qui entourent les lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, points d’attraction depuis des siècles, la plupart des boutiques sont fermées et cadenassées.
«Il n’y a plus d’industrie touristique», constate Marwan Attieh, guide et propriétaire d’une échoppe de souvenirs, pour qui la crise actuelle dépasse la précédente, provoquée par la pandémie de Covid-19. «Nous avons des familles, des enfants, (et il n’y a) plus d’affaires, plus de revenus, plus de vie. Comment dépenser de l’argent quand on n’en a pas?», se demande l’homme âgé de 48 ans, dont le père et le grand-père étaient également guides.
L’église du Saint-Sépulcre, où Jésus a été crucifié et enterré selon la tradition chrétienne, était en grande partie déserte jeudi, à l’exception de quelques prêtres parcourant ses salles caverneuses. «Avant, cet endroit était vraiment vivant, rempli de pratiquants en train de prier, de partager leurs soucis avec Dieu», dit Pietro Mazzocco, un séminariste italien de 31 ans installé à Jérusalem. «Maintenant, c’est complètement vide, comme vous pouvez le voir ici. Il n’y a personne.»
Des rues sans passants
Si de nombreux vols pour Israël et les voyages organisés ont été annulés, on peut tout de même croiser quelques visiteurs dans la Vieille Ville silencieuse. Rachid, un touriste français âgé de 24 ans, est arrivé en début de semaine via la Jordanie. Il n’a pas voulu renoncer à son voyage, disant vouloir observer la situation actuelle de ses propres yeux.
«C’est un peu étrange, ces rues sans passants», dit Rachid, déjà contrôlé plusieurs fois par la police locale depuis son arrivée. Si la Vieille Ville de Jérusalem a été épargnée par les attaques et est restée notablement calme par rapport à de précédents épisodes de tension, «les gens ont peur des deux côtés», estime-t-il, compréhensif. «Ils ne savent pas qui je suis ou d’où je viens.»
«Nous ne voulons pas nous entretuer comme des animaux»
Hors des quartiers touristiques, la vie quotidienne subit aussi les conséquences de la guerre. À la mosquée Al-Aqsa, l’affluence des fidèles le vendredi est à la baisse, alors que les points de contrôle et les patrouilles à Jérusalem-Est, dont fait partie la Vieille Ville, ont été renforcés.
De nombreux habitants disent craindre de sortir de chez eux, accusant les forces de sécurité israéliennes de harcèlement et de violences physiques. Beaucoup de commerçants de la Vieille Ville ont refusé de témoigner, disant craindre pour leur sécurité. «C’est une période dangereuse», résume Emad Sideyyi, l’un d’entre eux, qui accuse les soldats israéliens de «frapper tout le monde». «Nous voulons la paix pour tous», dit Emad Sideyyi. «Nous ne voulons pas nous entretuer comme des animaux. On a besoin de vivre.»