Armée: Poutine, Amherd, Cassis: un officier suisse déballe tout dans un train

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ArméePoutine, Amherd, Cassis: un officier suisse déballe tout dans un train

Un haut responsable de l’armée a parlé très fort de sujets sensibles au téléphone. Son comportement est jugé «intolérable».

R.M.
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L’officier bavard était dans un wagon bondé, aux heures de pointe.

L’officier bavard était dans un wagon bondé, aux heures de pointe.

20min/Marvin Ancian

Un haut responsable de l’état-major de l’armée suisse s’est montré très peu discret dans un train bondé, évoquant des sujets sensibles ou dénigrant des conseillers fédéraux. L’armée juge ce dérapage inacceptable et pourrait aller jusqu’à licencier son employé bavard.

L’affaire est révélée par l’«Aargauer Zeitung» et les autres titres de CH Media. Elle a eu lieu le mois dernier dans un wagon CFF 1re classe d’un train Berne-Zurich, peu après 18 heures, une heure de pointe. L’officier ne le savait pas mais il s’était assis à côté d’un journaliste. Il a sorti son ordinateur portable et s’est mis à travailler. Son économiseur d’écran a rapidement montré qu’il travaillait pour l’armée.

Son téléphone a sonné et une conversation avec une personne qu’il connaît manifestement très bien s’est engagée. Il est précisé que l’officier parlait si fort qu’il pouvait également être entendu par toutes les personnes occupant des compartiments adjacents.

«Faibles» Cassis et Amherd

Le militaire de haut rang a commencé par détailler «notre point de vue», donc manifestement l’analyse de l’armée, sur Vladimir Poutine. Il a expliqué que le président russe n’agit pas de manière irrationnelle à propos de la guerre en Ukraine. Il a noté qu’il a pris un «risque calculé» en tentant de renverser rapidement et violemment Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. Et que si ça n’a pas fonctionné, «selon notre évaluation», Poutine est tout à fait capable d’écouter ses conseillers et d’adapter sa stratégie aux nouvelles conditions.

Toujours avec le même interlocuteur, le militaire a ensuite dénigré le président de la confédération et «sa» ministre, la cheffe du Département de la défense. Il a affirmé qu’Ignazio Cassis et Viola Amherd sont des «figures faibles» qui «se retrancheraient dans une boule à neige» en cas de crise…

Ce n’est pas terminé. L’officier a ensuite donné des conseils à son interlocuteur, qui voulait postuler au Service de renseignement de la Confédération. Le militaire lui a dit comment se profiler puis lui a donné des informations sur la personne à qui l’offre était destinée. Cette fois il n’a pas cité de noms mais il semble très probable qu’il s’agissait du nouveau directeur des renseignements, Christian Dussey.

Fin de la conversation. Mais il y en a eu une seconde, quelques minutes plus tard. Et le sujet, à nouveau, n’était pas forcément à étaler sur la place publique. Cette fois il a rendu compte d’une discussion avec Christian Lanz, l’attaché de défense suisse à Stockholm, sur une éventuelle demande d’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède.

Enquête ouverte

«Si le comportement décrit est correct, il y aurait diverses infractions aux règles qui sont intolérables. Les déclarations négatives sur les supérieurs en public par les employés sont également inacceptables», a réagi Daniel Reist, porte-parole de l’armée, relate l’«Aargauer Zeitung».

L’armée a annoncé avoir ouvert une enquête et l’officier incriminé sera interrogé. Ensuite, est-il précisé, une enquête disciplinaire peut-être diligentée. Autre cas de figure: des mesures relatives au personnel, qui peuvent aller de l’avertissement au licenciement immédiat. Il est encore précisé qu’il n’a pas encore été déterminé si le militaire de haut rang a révélé des informations classifiées.

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