Télévision FrançaiseLouis Boyard et Cyril Hanouna portent plainte l’un contre l’autre
Le député de La France insoumise avait été copieusement insulté, jeudi dernier, sur le plateau de «Touche pas à mon poste», pour avoir critiqué Vincent Bolloré, patron de l’animateur.
Le député français Louis Boyard a annoncé, lundi, qu’il «déposerai(t) une plainte» contre Cyril Hanouna à la suite d’une altercation, jeudi dernier, avec ce dernier, à qui il reproche de l’avoir «insulté en direct pour avoir critiqué le propriétaire de sa chaîne», Vincent Bolloré.
Dans une conférence de presse à l’Assemblée nationale, Louis Boyard a d’abord annoncé qu’il «déposerait une plainte» pour les insultes en direct jeudi soir de Cyril Hanouna, dans son émission sur la chaîne C8. «Qu’on soit député ou non, un présentateur n’a pas à insulter quelqu’un en direct pour avoir critiqué le propriétaire de sa chaîne», Vincent Bolloré, a insisté le député Insoumis.
Mais à son retour à l’antenne lundi soir dans Touche pas à mon poste, Cyril Hanouna a indiqué à son tour qu’il poursuivrait en diffamation Louis Boyard. «Sachez que nous aussi, on va prendre des mesures. Et on va attaquer pour ce qu’il a pu dire, diffamation, et toute la diffamation qu’il a eu à notre égard», a déclaré l’animateur à la fin d’une émission entièrement consacrée à «l’affaire», où tous les chroniqueurs ont fait bloc derrière leur chef de file.
Sur le plateau de l’émission de C8 «Touche pas à mon poste» (TPMP), le député LFI (La France insoumise, parti de Jean-Luc Mélenchon) et ancien chroniqueur de l’émission, avait accusé les «cinq personnes les plus riches» de France d’«appauvrir l’Afrique». Il avait notamment cité l’homme d’affaires Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+ auquel appartient C8. «Toi, t’es une merde» avait alors rétorqué l’animateur, après avoir traité le député d’«abruti», de «bouffon» et de «tocard».
Sur son plateau lundi soir, Cyril Hanouna et ses chroniqueurs ne se sont pas privés d’attaquer à nouveau le jeune élu. Cyril Hanouna a «regretté les propos injurieux» qu’il a pu avoir, mais il a aussi indiqué que «sur la séquence», il «ne s’excusait pas du tout». L’animateur a rappelé que Louis Boyard avait touché des cachets de C8 pour ses participations à son émission («6784 euros», selon les chiffres donnés par Cyril Hanouna).
Bolloré, «un ami»
Par ailleurs, Vincent Bolloré n’est «pas mon patron», mais «un ami de 20 ans», a-t-il également souligné, pour justifier sa colère face à son ancien chroniqueur. «Un ami qui m’a toujours soutenu, qui était le seul à m’appeler quand j’avais 200 euros par mois et par semaine parfois (…) le seul qui prenait des nouvelles, le seul», a-t-il dit.
Venus sur le plateau, trois députés de la droite de l’hémicycle (Karl Olive de Renaissance, Pierre-Henri Dumont de LR, Julien Odoul du RN) et un ancien député PS soutien de la majorité présidentielle (Eduardo Rihan Cypel) ont critiqué les insultes de Cyril Hanouna, mais ont réservé leurs mots les plus durs pour Louis Boyard.
«Je pense Cyril que vous avez été catastrophique, notamment dans la forme», a dit Karl Olive, invitant l’animateur vedette à s’excuser «par rapport à l’ensemble des députés et à l’institution». Mais «il a fait quoi dans sa vie Louis Boyard» a attaqué Pierre-Henri Dumont, brocardant la «stratégie du buzz permanent», tandis que Julien Odoul évoquait «la stratégie de la victimisation permanente».
Lundi, lors de sa conférence de presse, Louis Boyard a quant à lui de nouveau pointé du doigt Vincent Bolloré, «l’incarnation de la Françafrique» selon lui. «Il est essentiel que les médias conservent leur indépendance par rapport à ces milliardaires», a estimé le député LFI.
LFI au soutien
Louis Boyard a rappelé que son groupe a déposé une proposition de loi pour «mettre fin à la concentration dans les médias», en «limitant l’accès des actionnaires au capital des grands médias par le biais d’un droit d’agrément». Il a aussi demandé à Cyril Hanouna d’«organiser un débat» dans son émission «au sujet des agissements de Bolloré en Afrique».
Mathilde Panot, présidente des députés LFI, a annoncé avoir saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. Louis Boyard a, pour sa part, réclamé l’ouverture d’une commission d’enquête à l’Assemblée nationale portant «sur les ingérences de Bolloré dans nos médias et donc sur TPMP».