AfghanistanLe traitement des femmes pourrait relever du crime contre l’humanité
En cette Journée pour l’élimination de la violence envers les femmes, des experts de l’ONU ont considéré que le sort des Afghanes «devrait faire l’objet d’une enquête en tant que persécution fondée sur le genre».
En Afghanistan, le traitement réservé par le régime taliban aux femmes et aux filles pourrait être considéré comme un crime contre l’humanité, estiment, vendredi, des experts de l’ONU. «Ces derniers mois, les violations des libertés et des droits fondamentaux des femmes et des filles en Afghanistan, déjà les plus graves et les plus inacceptables du monde, ont fortement augmenté», disent ces experts indépendants, qui sont mandatés par l’ONU mais ne s’expriment pas en son nom.
Ces restrictions récentes – comme l’interdiction de fréquenter les parcs à Kaboul – ainsi que les mesures discriminatoires précédentes «devraient faire l’objet d’une enquête en tant que persécution fondée sur le genre (considérée comme un crime contre l’humanité, ndlr), en vue de poursuites en vertu du droit international», souligne notamment Richard Bennett, le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, auquel se sont associés, entre autres, les membres du groupe de travail contre les discriminations à l’encontre des femmes et des filles.
Kaboul doit respecter ses engagements
Ils demandent aux talibans, qui ont repris le pouvoir en août 2021, de respecter les engagements de l’Afghanistan en matière de droits de l’homme. De la communauté internationale, ils attendent en particulier que le rétablissement des libertés et des droits des femmes soit demandé dans toutes les conversations avec le régime.
Parallèlement, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a demandé que les flagellations, «une forme abjecte de punition, cessent immédiatement». Quatorze personnes – trois femmes et onze hommes – ont été fouettées mercredi, sur ordre d’un tribunal afghan, après avoir été reconnues coupables de «crimes moraux» et de vol, a déclaré un responsable provincial.
Fini, les écoles, les emplois, les parcs et les cartes SIM
Les talibans ont imposé une interprétation ultrarigoriste de l’islam et ont progressivement introduit des règles de plus en plus strictes. Les écoles secondaires pour filles ont été fermées. Les femmes fonctionnaires sont exclues de la plupart des emplois publics ou payées une misère pour rester à la maison. Les femmes sont aussi empêchées de voyager seules en dehors de leur ville et doivent se couvrir d’un voile intégral. Les talibans ont en outre annoncé, en novembre, qu’elles n’avaient plus le droit de fréquenter les parcs et les jardins de Kaboul, mais aussi les gymnases ou les bains publics.
Mercredi, des responsables des télécommunications de la province d’Uruzgan, dans le sud du pays, ont déclaré que les femmes n’étaient plus autorisées à acheter des cartes SIM pour leurs téléphones portables, parce que les magasins ne disposaient pas de zones séparées pour les servir.