Vélo tout-terrainAprès une saison en enfer, Filippo Colombo s’impose au Roc d’Azur
Grand espoir du VTT, puisqu’il fut vice-champion du monde en 2019, le Tessinois Filippo Colombo a remporté, au sprint, le Roc d’Azur, l’une des manifestations les plus populaires du calendrier. Il boucle par un triomphe une saison marquée par la malchance.
- par
- Jean Ammann
Sur la photo, poings serrés, Filippo Colombo exprime sa force et sa rage: «Victoire au Roc d’Azur! Cela fait du bien après une saison difficile», note-t-il sur sa page Facebook. Il précise: «Cette saison 2021 a été la plus compliquée de ma carrière, marquée par un accident en ouverture de la Coupe du monde, puis une succession d’ennuis mécaniques.»
Dimanche, sur les rivages de Fréjus, le Tessinois de 23 ans s’est imposé au sprint, un sprint lancé de très loin, privant le Français Jordan Sarrou, champion du monde 2020 de cross-country, d’une quatrième victoire sur l’épreuve: «Je ne connaissais pas bien le parcours, dit Filippo Colombo, mais je savais que je devais aborder le dernier virage en tête. Voilà pourquoi j’ai lancé le sprint à 300 m de l’arrivée. J’étais assez confiant, parce que je savais que j’étais plus rapide que Jordan.»
Pour Filippo Colombo, qui porte depuis 2020 les couleurs de l’équipe de Julien Absalon (Absolute Absalon), c’est l’occasion de s’inviter sur le devant de la scène qu’occupent, en Suisse, les Nino Schürter et Mathias Flückiger. «Le Roc d’Azur, ce n’est pas la plus belle victoire de ma carrière, reconnaît Filippo Colombo. Je pense qu’elle vaut moins que la Coupe du monde de Lenzerheide en 2019, lorsque je me suis imposé en U23, presque à la maison, mais elle me donne confiance pour la saison prochaine.»
«Unfortunio»
Le Roc d’Azur, qui se déroule chaque année au début du mois d’octobre, ne compte pas parmi les épreuves de Coupe du monde, mais c’est l’une des manifestations les plus populaires du calendrier: 20 000 vététistes disputent l’une ou l’autre des compétitions qui se déroulent sur cinq jours et c’est la plus prestigieuse de toutes, les 50 km du dimanche, que Filippo Colombo a remportée.
«Le Roc d’Azur, explique Alexandre Moos, qui fut le directeur sportif de Filippo Colombo au sein de l’équipe BMC Mountainbike Racing Team, n’est pas comparable, sur le plan sportif, à une Coupe du monde de cross-country, le niveau est moindre, mais c’est une épreuve très importante en termes de notoriété, surtout pour les Français. Pour Filippo, c’est excellent de pouvoir finir l’année sur une note pareille, parce qu’il n’a pas été épargné par la malchance.»
Sur son site, quand Filippo Colombo résume sa saison: il y a des «unfortunio» (devrait-on dire «infortunii»?), des «forato», des «rottura catena…» En français, des accidents, des crevaisons et des chaînes cassées: «Je me suis fracturé le bassin sur la première manche de la Coupe du monde, le 9 mai à Albstadt, raconte Filippo Colombo. J’ai observé 9 jours de repos complet, avant de reprendre le vélo sur les rouleaux. Les douleurs ont vite disparu, mais des tensions, liées au déséquilibre du bassin, m’ont gêné pendant plusieurs semaines. Après deux mois et demi sans compétition, quand je suis revenu, j’ai eu pas mal d’ennuis mécaniques.» Le 17 septembre dernier, à Snowshoe (USA), la chance semble enfin avoir tourné: le Tessinois décroche son premier podium en Coupe du monde en élite avec une troisième place sur le «short track», l’épreuve sprint.
Pour les observateurs du vélo tout-terrain, la victoire de Filippo Colombo au Roc d’Azur n’est pas une surprise: «Cela fait longtemps que nous le suivons, dit Alexandre Moos. J’avais insisté pour que Filippo intègre l’équipe BMC en 2017 déjà.» En 2019, Colombo est devenu vice-champion du monde U23 en cross-country et il a terminé deuxième du classement général de la Coupe du monde. «Il a beaucoup de qualités, poursuit Alexandre Moos: c’est un très bon finisseur, c’est un puncheur, il est fort tactiquement et techniquement. Il est un peu moins bon dans les longues montées raides.» Une analyse que confirme Filippo Colombo: «Alex a raison: il me connaît bien. Avec mon gabarit (73-75 kg pour 1,84 m), je souffre dans les longues montées, c’est logique, et j’ai dû m’accrocher dans le Roc d’Azur, mais ma puissance m’avantage, comme lorsque la course se finit au sprint.»
À Fréjus, au bout des 49,8 km et des 1140 m de montée, Filippo Colombo s’est imposé à près de 25 km/h de moyenne (24,93 km/h pour être exact). Une vitesse qualifiée de «stratosphérique» par les organisateurs du Roc d’Azur.