PartenariatUne école pour trouver sa voie
L’association jurassienne À PART ENTIÈRE, soutenue par la Loterie Romande, permet à des jeunes adultes de repenser l’avenir en fonction de leurs désirs. Pendant une année, ils apprendront à s’épanouir.
- par
- Victor Fingal
Elias, 20 ans, a d’abord suivi des injonctions extérieures et entamé de longues études de médecine. Mais après une année à l’Uni de Lausanne, il a décidé de tout plaquer.
«Cet étudiant, souligne Laure Donzé, professeure de théâtre et cofondatrice d’À PART ENTIÈRE à Delémont, s’autorise à réaliser son rêve dans notre école: consacrer sa vie à la musique. Depuis le début de l’année, il a monté une chorale à trois voix avec d’autres élèves et il prépare en ce moment le concours d’entrée à l’École supérieure de musique à Bâle.»
D’août à juillet de l’année suivante, les élèves d’À PART ENTIÈRE, une quinzaine d’ados et jeunes adultes, vont prendre ainsi du temps pour eux et partir à la découverte de leurs compétences. Pendant cinq jours par semaine, de 9h à 16h, ils vont participer à des activités aussi diverses que faire les courses, la cuisine, oser confier à d’autres leur regard sur le monde, décrypter l’actu, ne pas éviter les sujets qui fâchent et développer des projets qui leur tiennent à cœur. «Ils vont sortir de leur zone de confort, ajoute la cofondatrice, aller à la rencontre d’autres gens et se positionner dans un monde qui remue.»
Le mercredi consacré à la créativité
Le mercredi, par exemple, est consacré à la créativité. Des élèves, même les plus timides, finiront par trouver suffisamment de confiance en eux pour jouer une pièce de théâtre devant un public. Cette journée est aussi consacrée à l’expérimentation visuelle et à la visite d’expositions, afin de questionner l’art sous toutes ses formes. Quant au vendredi, parole est donnée à la nature: crapahuter en forêt, faire pousser des carottes, apprendre à sentir le vent, apprivoiser les éléments hostiles, tester ses limites. Et deux fois par an, c’est bivouac, avec sa nuit à la belle étoile.
Si le renforcement de la personnalité de l’élève reste un but essentiel de cette école d’un genre particulier, la vie professionnelle n’est pas oubliée pour autant. Quatre semaines par an, c’est le saut dans le monde du travail avec ses stages en entreprise. «L’une de nos élèves a découvert le métier de factrice de piano et ce fut le coup de foudre. Elle fait maintenant partie de ces quelque cinq jeunes qui se lancent chaque année dans ce métier peu répandu!»
La diversité, cette richesse permettant des échanges stimulants, fait partie de l’ADN d’À PART ENTIÈRE. Celle des accompagnants où se distinguent pêle-mêle, une prof de théâtre, un ex-cadre marketing, une graphiste, une administratrice, une éducatrice et une sociologue et qui répond à celle des élèves, venus d’horizons différents. «Nous côtoyons aussi bien des universitaires, des détenteurs de CFC que des jeunes avec un parcours plus cabossé venant de terminer l’école primaire obligatoire.»
«Le soutien de la LoRo est vital pour notre association»
Pour son fonctionnement, À PART ENTIÈRE dispose d’une maison de maître, la Villa Müller à Delémont, offerte par le canton du Jura, et dépend essentiellement des donations et des partenariats. «L’écolage est calculé en fonction des revenus des parents ou nous parvient par l’aide sociale, dit encore Laure Donzé. Ce n’est de loin pas suffisant! Dans ce contexte, le soutien fidèle de la Loterie Romande depuis notre création, il y a quatre ans, est vital pour notre association. Nous lui sommes très reconnaissants.»