Hockey sur glaceLe secret de l’incroyable réussite des étrangers à Langnau
Le directeur sportif des SCL Tigers, Marc Eichmann, donne quelques clés de compréhension du rendement de ses renforts importés, parmi les plus décisifs de la Ligue. Interview.


Jesper Olofsson – Alexandre Grenier, un sacré duo.
Martin Meienberger/freshfocusPremier, troisième et cinquième. C’est la position des trois attaquants étrangers les plus productifs de Langnau au classement des compteurs de National League. Dans l’ordre: le Suédois Jesper Olofsson, meilleur buteur (21) et meilleur pointeur du championnat après 28 journées (41 points), le Canadien Alexandre Grenier, meilleur passeur de la Ligue (26 assists, accompagnés de 11 buts), et le Finlandais Harri Pesonen (33 points).
Son compatriote Aleksi Saarela (20 points en 22 apparitions) n’est pas en reste non plus. Au bout du compte, la légion étrangère emmentaloise a une sacrée allure. Avec leurs duos Olofsson-Grenier et Pesonen-Saarela, les deux premières lignes d’attaque des Tigers sont redoutables. Et que dire de leur power play, sinon qu’il tourne à plein régime (23,71% d’efficacité)…

Pourtant seulement douzième de National League, Langnau possède la troisième offensive la plus prolifique du championnat, avec 87 buts marqués. Cinquante-cinq de ces réalisations (63%) ont été inscrites par Olofsson, Grenier, Pesonen ou Saarela, présents sur la glace les deux tiers du temps.
Ceci explique en partie cela, outre le talent bien sûr, et une certaine alchimie. Au final, c’est le résultat d’un recrutement réussi de la part du directeur sportif Marc Eichmann, lequel a entièrement remodelé son quatuor de renforts importés durant l’été. Interview.
Marc Eichmann, comment expliquez-vous la réussite de vos étrangers?
On savait qu’ils étaient de bons joueurs, mais là, on assiste à une explosion inattendue. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène. Le premier est qu’ils se sentent bien à Langnau. Ici, on prend vraiment soin de nos joueurs, on les soutient, on gère leurs besoins, pour qu’ils puissent se focaliser sur le hockey. Leurs épouses ou leurs enfants ont un problème? On est là. Autre facteur: ils comprennent que pour gagner, une équipe comme Langnau doit pouvoir compter sur des étrangers extraordinaires. Ils sont sous les projecteurs, sur le devant de la scène, et ils aiment ça! Et puis il y a le talent, comme je l’ai dit plus tôt, ainsi que la réussite bien sûr.
«Dans la balance, il n’y a pas que les qualités intrinsèques. Il y a aussi l’homme derrière le hockeyeur.»
Vous avez eu plutôt bon flair…
Il n’y a pas de recette miracle. On essaie juste de faire au mieux en sachant que la légion étrangère conditionne notre succès. Mais dans la balance, il n’y a pas que les qualités intrinsèques. Il y a aussi l’homme derrière le hockeyeur. Langnau est un environnement spécial, l’Emmental est une région particulière. Avec nos renforts importés, on recherche de la production offensive, mais également du leadership, du sens du collectif et de l’humilité ainsi que de la simplicité.
Vous avez remodelé l’entier de votre légion, mais en recrutant des joueurs qui – hormis Saarela – connaissaient déjà le championnat.
C’était l’un des points, oui. On avait besoin d’un nouvel élan sur le plan offensif, mais il y a toujours un risque quand on décide de changer ses quatre étrangers. Avec Pesonen, on savait ce qu’on avait. Grenier? Il marquait un point par match en Allemagne, c’est plutôt bon signe, même si on ne pensait pas qu’il marcherait aussi fort chez nous. Olofsson? Il a connu des débuts délicats à Berne, mais il est monté en puissance et s’est établi dans notre championnat au bout de deux ou trois mois. Saarela? Lui découvre la National League, mais c’est davantage un projet; c’est un jeune joueur qui aspire à retourner en NHL (ndlr: il y a évolué 11 fois entre 2018 et 2020). Au final, on a un bon mélange: des buteurs, en tête Olofsson et Grenier, et des gros travailleurs, avec Pesonen et Saarela.
D’où viennent-ils?
À propos d’Olofsson, vous semblez l’avoir recruté au bon moment.
C’est juste. Il était à Berne et ne performait pas encore vraiment. On a fait nos devoirs, on a analysé son jeu, on s’est renseigné en Suède auprès de certains clubs et d’anciens coéquipiers, qui nous ont parlé d’un véritable joueur d’équipe, humble, au sens du but développé. On l’a signé quand il était sous le radar. Mais vous savez, ces gars ont besoin de confiance. Avec nous, Jesper en a eue.
«Ça fait partie du jeu à Langnau. On trouve des joueurs qui sont sous le radar, mais dès qu’ils se révèlent, on ne peut plus rivaliser financièrement.»
Pour trois de vos étrangers, on parle de joueurs qui n’étaient plus désirés dans d’autres clubs de National League (Pesonen et Grenier à Lausanne, Olofsson à Berne).
Tous les étrangers ne sont pas compatibles avec toutes les équipes. C’est une réalité. Il y a tellement de paramètres qui entrent en ligne de compte de part et d’autre: la région, le club, le vestiaire, le rôle sur la glace, le joueur, son caractère, ses caractéristiques, ses aspirations…
Désormais, on imagine que Grenier et Olofsson, en fin de contrat, sont courtisés ailleurs en Suisse.
On sait que ce sera difficile de les garder, mais ça fait partie du jeu à Langnau. On trouve des joueurs qui sont sous le radar et dès qu’ils se révèlent jusqu’à intéresser les grosses écuries, on ne peut plus rivaliser financièrement.
«J’échangerais volontiers quelques points de nos étrangers contre des points au classement.»
À part ça, vos étrangers marchent du tonnerre, vous avez la troisième attaque du championnat, mais vous n’êtes que douzièmes de National League.
J’échangerais volontiers quelques points de nos étrangers contre des points au classement… Plus sérieusement, ça va mieux depuis la trêve internationale, mais c’est vrai qu’on a globalement peiné défensivement et en box play jusqu’ici. On a deux bons gardiens (ndlr: Ivars Punnenovs et Robert Mayer), mais on doit mieux les protéger, mieux les entourer, mieux travailler devant eux.