Une ONG pointe les mauvais traitements des femmes détenues au Japon

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JaponSéparées de leur bébé: les mauvais traitements des femmes détenues

Les femmes emprisonnées au Japon sont victimes de nombreux mauvais traitements, dénonce l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport dévoilé mardi.

Les femmes détenues au Japon se retrouvent souvent séparées de leur bébé après l’accouchement (image d’illustration).

Les femmes détenues au Japon se retrouvent souvent séparées de leur bébé après l’accouchement (image d’illustration).

Pixabay

Menottées durant leur grossesse quasiment jusqu’à l’accouchement, séparées de leur bébé et peu assistées quand elles vieillissent: les femmes détenues au Japon sont victimes de nombreux mauvais traitements, dénonce l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport dévoilé mardi. Nombre de femmes incarcérées au Japon subissent de mauvais traitements, «souvent causés ou aggravés par le manque de moyens des prisons pour répondre à leurs besoins ou à leurs droits», selon ce rapport basé sur des entretiens avec près de 60 anciennes détenues au Japon, ainsi que 11 avocats et experts du droit pénal nippon.

Près de 4000 femmes étaient derrière les barreaux dans le pays en 2021 (soit moins de 9% de sa population carcérale), pour la plupart condamnées pour des affaires de vol ou de drogue. Sur 184 femmes ayant accouché en détention entre 2011 et 2017, seules trois d’entre elles ont été autorisées à rester avec leur bébé, selon des données du ministère nippon de la Justice. «La séparation à la naissance peut être traumatisante et nuire à la fois à la santé de la mère et du nouveau-né, en perturbant l’allaitement maternel et la création du lien parent-enfant», souligne HRW. Les autorités carcérales japonaises «informent rarement» les mères détenues qu’elles ont le droit de demander de garder leur bébé jusqu’à 12 mois après sa naissance, critique l’ONG.

Pour accoucher, les détenues au Japon sont généralement transférées vers la maternité la plus proche de leur lieu de détention. Mais elles restent souvent menottées jusqu’au moment d’entrer dans la salle d’accouchement, puis de nouveau dès qu’elles en sortent, ont admis des responsables du ministre de la Justice auprès de HRW. Sollicité par l’AFP mardi, le ministère japonais de la Justice a refusé de commenter le rapport de l’ONG. Cependant dans des réponses préalables envoyées à HRW durant la rédaction de son rapport, le ministère a souligné que les menottes n’étaient pas utilisées sur les détenues dans les salles d’accouchement, ni quand elles «allaitent, portent, lavent ou changent leur bébé».

Pas d’alternative à la prison

L’ONG estime aussi que le système carcéral japonais actuel «ne répond pas aux besoins du nombre croissant de prisonniers âgés», reflet du déclin démographique prononcé du pays. Or, en 2021, 20% des femmes intégrant une prison au Japon avaient 65 ans et plus, soit près de quatre fois plus qu’en 2003, contre 13% pour les détenus masculins.

HRW émet encore d’autres griefs comme des services de santé insuffisants en prison, l’usage «arbitraire et prolongé» du confinement solitaire ou encore les mauvais traitements réservés aux détenus transgenres. «Des mesures médicales appropriées sont prises dans les établissements pénitentiaires, dans la norme des soins médicaux dans la société en général», a assuré le ministère. De nombreuses femmes condamnées au Japon pour des délits sont incarcérées parce que le code pénal nippon ne prévoit pas d’alternative à la prison, comme les peines de travail d’intérêt général, regrette encore HRW.

(AFP)

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