TennisStan Wawrinka en Coupe Davis, les coulisses d’un retour
Le Vaudois sera de la rencontre décisive en Allemagne, début février. Le sélectionneur Severin Lüthi raconte comment cela est arrivé et tout ce que le triple vainqueur en Grand Chelem va apporter.
- par
- Jérémy Santallo
Il est de retour. Plus de sept ans après sa dernière apparition en équipe de Suisse de Coupe Davis, Stan Wawrinka va rejouer «sous les drapeaux» les 3 et 4 février prochains à Trèves, en Allemagne, pour une rencontre décisive dans la perspective de disputer la phase finale des seize meilleures nations à l’automne prochain. Vainqueur du trophée en 2014 avec lui, Severin Lüthi ne boude pas son plaisir. «Il a tellement fait pour notre tennis. J’ai toujours espéré qu’il revienne mais je comprenais aussi son détachement jusqu’ici, explique le sélectionneur. Stan a plus fait que ce dont on pouvait attendre en étant investi à 100% pendant de longues années.»
Comment ce retour a-t-il été orchestré? L’entraîneur de toujours de Roger Federer détaille le processus. «J’ai bien sûr lu les déclarations de Stan pendant les Swiss Indoors (ndlr: le Vaudois avait officiellement ouvert la porte à un retour en sélection). Mais je ne voulais pas être trop intrusif, l’appeler chaque semaine, à être tout le temps derrière lui. Je lui avais déjà demandé avant notre rencontre en Équateur, s’il voulait revenir, mais il m’avait glissé: «Pas cette fois mais qui peut imaginer la suite?» On a ensuite parlé à Bâle, puis également en décembre par téléphone. J’ai senti une réelle envie de revenir chez lui.»
Début janvier, fraîchement éliminé de la United Cup avec la Suisse, dans un rôle de capitaine qu’il a adoré, Stan Wawrinka était pourtant absent de la première liste de Lüthi. «C’était peut-être une erreur de communication. De ne pas lui avoir montré à ce moment-là que moi et l’équipe, nous voulions qu’il revienne. On ne connaissait alors pas la durée de son Open d’Australie et je ne voulais pas lui mettre de pression inutile. D’autant plus que l’on pouvait changer jusqu’au dernier moment la composition du groupe. Je serais fou de ne pas vouloir Stan dans mon équipe! Un joueur comme ça, une personnalité comme lui. C’est bénéfique pour nos jeunes, qui vont beaucoup apprendre en le côtoyant à l’entraînement, toute la semaine qui précède la rencontre.»
Lors des derniers rendez-vous de Coupe Davis, Lüthi n’avait pas à se torturer l’esprit à l’heure de choisir ses deux joueurs de simple (ndlr: Marc-Andrea Hüsler et Dominic Stricker). Face à l’Allemagne d’Alexander Zverev, le retour de Wawrinka va forcément changer la donne. «Les chances qu’il joue sont assez grandes, sourit Lüthi. Avec Stan, j’ai plus d’options, une flexibilité en simple comme en double. Il est quand même champion olympique en double (ndlr: en 2008 à Pékin avec Roger Federer), ce serait fou de ne pas penser à lui! Je vais beaucoup échanger avec lui et il aura son mot à dire sur la façon dont on va jouer. Ce n’est pas que je ne me sens pas prêt à prendre ces décisions, mais je pense que ce serait une faute professionnelle de ne pas donner de poids à ses mots.»
Malgré son élimination au premier tour de l’Open d’Australie contre Alex Molcan, après avoir servi pour le gain de la rencontre, Wawrinka a impressionné Lüthi. «Il est de retour à un excellent niveau. Si on regarde où il était en mars, après quinze mois d’absence, il a parcouru beaucoup de chemin. Mon sentiment, c’est que le déclic est proche. Il ne lui manque que la dernière marche à franchir, poursuit le Bernois. Et connaissant Stan, il ne va pas lâcher l’affaire. Il va essayer jusqu’à ce que ça passe et s’imprégner de cette mentalité, c’est très positif pour l’équipe de Suisse.»