MexiqueCancún interdit les chants à la gloire des narcos
La maire de la ville touristique ne veut pas de cette musique qui promeut la violence. D’autres cités du pays ont déjà fait pareil.
Grupo Firme, groupe très populaire, a dû annuler un concert prévu le 1er juillet à Cancún.
Getty ImagesLes autorités de Cancún, la vitrine touristique du Mexique, ont interdit les concerts et les chants à la gloire des narcotrafiquants, ces «narcocorridos» dont certains interprètes comme Peso Pluma connaissent un succès international.
La maire de Cancún, Ana Patricia Peralta, s’est catégoriquement opposée à cette branche de la musique traditionnelle mexicaine qui «d’une manière ou d’une autre, promeut la violence». Résultat: Grupo Firme, un des groupes les plus populaires de la musique régionale (rancheras, norteñas), a annulé un concert prévu le 1er juillet face au durcissement du règlement municipal.
Les commerçants applaudissent
La mesure a été saluée par les commerçants et les restaurateurs de la perle des Caraïbes, dont l’aéroport est la première porte d’entrée au Mexique avec l’arrivée de près de 9,5 millions de touristes étrangers en 2022, de source officielle. «Dans les restaurants, on a arrêté de jouer des narcocorridos depuis longtemps parce qu’ils attirent des gens violents qui se consacrent à des activités illicites», a déclaré Julio Villarreal, représentant des restaurateurs.
D’autres villes avant Cancún ont interdit ce sous-genre de la musique régionale mexicaine, comme Ciudad Juárez à la frontière avec les États-Unis en 2015 ou Mexicali, également à la frontière. Les «narcocorridos» sont également interdits depuis 1987 dans l’État du Sinaloa (nord-ouest), le fief du redoutable narcotrafiquant Joaquín «Chapo» Guzmán, qui purge une peine de prison à vie aux États-Unis.
Des commanditaires obscurs
En même temps, le jeune chanteur originaire de Guadalajara Peso Pluma figure parmi les artistes les plus écoutés sur Spotify. Si son blockbuster «Ella Baila sola» n’est pas un «narcocorrido», Peso Pluma reconnaît qu’il a composé des chansons à la demande de commanditaires obscurs: «Parfois ce sont des messagers, parfois ce sont eux-mêmes».
Comme dans de nombreux États du Mexique, la narco-violence frappe Cancún, où des vendeurs de drogue se disputent le marché local des touristes et de l’extorsion des commerces et des restaurants, parfois au prix de règlements de comptes violents.