Défense de la SuisseLa Suisse doit renforcer sa coopération avec l’OTAN
Après six mois de conflit en Ukraine, un rapport du Conseil fédéral fait le tour des conséquences pour la sécurité de la Suisse. Première leçon: se rapprocher des voisins.
- par
- Eric Felley
Rester neutre, tout en ayant de bons amis, c’est l’équation que doit résoudre la Suisse pour sa défense nationale. L’attaque de l’Ukraine par la Russie a profondément modifié la sécurité sur le continent européen, faisant ressurgir une guerre conventionnelle aux frontières de l’Est. La cheffe du Département de la défense, Viola Amherd, a présenté ce mercredi, un rapport complémentaire du Conseil fédéral sur la sécurité de la Suisse dans ce contexte nouveau. «La Suisse doit être capable de défendre seule sa population dans toute l’étendue des menaces et des dangers», a-t-elle déclaré.
Des menaces hybrides
Après six mois de conflit, qui ont vu la Suisse suivre les sanctions occidentales contre la Russie, le Conseil fédéral veut «dans le respect de la neutralité, orienter la politique de sécurité et de défense de la Suisse, de manière plus systématique que jusqu’ici, vers la coopération internationale». Ce rapport constate hélas: «La guerre en Ukraine a confirmé et concrétisé la menace croissante de conflits hybrides, qui comprennent notamment la désinformation, le jeu des influences, les cyberattaques, les opérations secrètes, mais aussi un conflit armé».
Intensification du partenariat avec l’OTAN
Concrètement, le rapport présente des possibilités de développer la coopération en matière de politique de sécurité avec l’OTAN et l’Union européenne (UE). Viola Amherd a évoqué une participation renforcée à des exercices, une extension de la capacité de coopération militaire dans les domaines liés à la défense, une intensification du statut de partenariat avec l’OTAN et une participation de l’armée à des formations de l’UE. «Toutes ces options sont compatibles avec la neutralité de la Suisse, a insisté la conseillère fédérale, il s’agit simplement de mieux utiliser la marge de manœuvre dont dispose déjà la politique de neutralité de la Suisse».
Des centaines de millions pour des munitions
Le rapport a mis également en lumière des lacunes dans la préparation de la Suisse sur le plan défensif: «Des lacunes critiques en matière de capacités antichars et de capacité à durer, notamment en ce qui concerne les stocks de munitions, qui sont insuffisants. Pour combler ces lacunes, le DDPS envisage notamment d’acquérir des missiles sol-sol de longue portée et de demander avec le programme d’armement 2023, plusieurs centaines de millions de francs pour des stocks de munitions et de missiles».
Améliorer l’anticipation
Enfin, concernant la problématique de l’information et de l’anticipation, qui a fait probablement défaut avant l’attaque russe du 24 février, le rapport constate: «La guerre renforce la nécessité de développer les capacités de détection précoce et d’anticipation en matière de politique de sécurité, au sein du réseau constitué de différents services fédéraux».