Ski alpin: «Quand on voit ce qui se passe à Zermatt, on se sent affectés»

Publié

Ski alpin«Quand on voit ce qui se passe à Zermatt, on se sent affectés»

Alors que la saison de ski démarre ce samedi à Sölden, des athlètes ont réagi à la polémique autour du glacier de Zermatt.

Christian Maillard
par
Christian Maillard

«S’il y avait le même problème chez nous, je peux vous dire que la descente aurait déjà été annulée!» Chef de presse de l’équipe de France, Laurent Chrétien parle de la polémique autour du glacier du Théodule à Zermatt, du combat mené par les écologistes, qui n’ont visiblement pas le même pouvoir que chez nos voisins.

Alors que la saison de ski démarre ce samedi à Sölden, à 3040 m d’altitude, sur le glacier de Rettenbach (qui accueille la Coupe du monde depuis 30 ans), la vague verte, qui se bat pour sauver notre planète, s’est également manifestée. Comme il n’y a pas un pet de neige dans la station, Greenpeace a tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière, alors que des travaux ont été effectués sur une piste encore bien rocailleuse.

Des travaux ont été effectués sur le glacier du Rettenbach pour le plus grand désespoir des écologistes autrichiens et de la ministre de l’Environnement.

Des travaux ont été effectués sur le glacier du Rettenbach pour le plus grand désespoir des écologistes autrichiens et de la ministre de l’Environnement.

AFP

‹‹On est en train de détruire des portions de glacier.››

Leonore Gewessler, Ministre autrichienne de l’Environnement

«On est en train de détruire des portions de glacier», ont dénoncé les opposants dont certains ont menacé de venir se coller les mains sur le bitume ce samedi sur la route menant à l’arrivée du géant féminin. La ministre autrichienne de l’Environnement, Leonore Gewessler est elle aussi intervenue, rappelant que dans le Tyrol les températures n’avaient jamais été aussi élevées en octobre, et qu’il lui paraissait incompréhensible d’organiser des épreuves de ski à cette période.

«Pourquoi faut-il absolument, dans la situation actuelle, recommencer à skier sur des derniers restes de glacier», a-t-elle déclaré à la radio Ö1, en mettant la pression sur la FIS, lui demandant de repenser le calendrier, en songeant à des solutions durables. Secrétaire général de la Fédération internationale, Michel Vion a promis que dans les hautes sphères, on était aussi en pleine réflexion sur le climat, que les dirigeants cherchaient des solutions.

Au fait, qu’en pensent les athlètes? Pour l’Italienne Federica Brignone, «on devrait commencer la saison plus tard et finir en avril, quand les conditions sont encore parfaites», estime-t-elle. «Mais il faudrait commencer vraiment plus tard, en décembre, enchaîne le Français Alexis Pinturault. Reculer le départ de la saison? C’est une question que se posent médias, athlètes et peut-être FIS. C’est un vrai sujet et on doit tous faire quelque chose. Aux acteurs de l’économie du ski d’y réfléchir, car quand on voit ce qui se passe à Zermatt, on se sent affectés.»

‹‹On doit chacun faire de petites choses pour l’environnement.››

Marco Odermatt
Marco Odermatt se pose des questions, lui aussi.

Marco Odermatt se pose des questions, lui aussi.

AFP

Interrogé par L’Équipe, Marco Odermatt se pose lui aussi des questions. «Skier en octobre, pour tout le milieu du ski, l’industrie, les fans, c’est un grand événement, remarque le meilleur skieur de la planète. C’est le signal que l’hiver arrive, même si ce n’est pas encore l’hiver. Sölden est aussi un rendez-vous important qui, par le passé, m’a donné beaucoup de confiance pour la suite de la saison. Avec le changement climatique, on sent que c’est de plus en plus dur de préparer les pistes à cette époque de l’année. Je n’en sais pas assez pour en dire plus sur l’état des glaciers. Pour l’avenir du ski, bien sûr que c’est un problème, mais ça l’est pour tout le monde. On doit chacun faire de petites choses pour l’environnement. Nous, skieurs, on fait aussi d’abord notre job avant d’être des responsables politiques.»

C’est quoi la solution, que faut-il faire pour bien faire? Si le ski alpin est un des sports les plus concernés par le réchauffement climatique, Alexis Pinturault hausse les épaules: «On aime tous la montagne et on a vraiment envie de la préserver. Quand j’ai commencé, il y a 20 ans, on avait 5 ou 6 glaciers en France où on pouvait skier. Maintenant il n’y en a plus qu’un seul…» A méditer.

Ton opinion