IsraëlNaftali Bennett veut provoquer des élections anticipées
Lundi soir, le Premier ministre israélien a fait part de son intention de dissoudre l’Assemblée, pour un nouveau scrutin législatif en octobre. Jusque-là, son allié Yaïr Lapid devient chef du gouvernement.
Un an à peine après son arrivée au pouvoir, la coalition menée par le Premier ministre israélien Naftali Bennett a surpris l’ensemble du pays, lundi soir, en annonçant son intention de dissoudre le Parlement, pour provoquer un cinquième scrutin en moins de quatre ans. «Mon ami, le ministre des Affaires étrangères, et moi-même avons décidé ensemble de dissoudre le Parlement et de nous entendre sur une date pour la tenue de nouvelles élections.»
Les deux hommes avaient réuni, en juin 2021, une coalition unique dans l’histoire d’Israël, rassemblant des partis de droite, de centre, de gauche et, pour la première fois, une formation arabe, afin de mettre un terme à douze ans sans discontinuer de règne de Benyamin Netanyahou à la tête du gouvernement.
Or l’accord de coalition Bennett-Lapid prévoyait aussi une rotation entre les deux hommes à la tête du gouvernement et le remplacement du premier par le second en cas de dissolution du Parlement. Si le projet de loi visant à dissoudre le Parlement est bien adopté par les députés, Yaïr Lapid deviendra ainsi nouveau Premier ministre d’Israël, jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement.
Naftali Bennett «place les intérêts du pays avant ses intérêts personnels», a soutenu Yaïr Lapid, qui devrait être Premier ministre lors de la visite prévue, à partir du 13 juillet prochain, du président américain Joe Biden, sa première en Israël depuis son arrivée à la Maison-Blanche, en janvier 2021.
Les incidences de la loi sur les colons
La coalition a trébuché sur la question du renouvellement de la loi sur les colons, qui permet l’application des lois israéliennes aux plus de 475’000 colons israéliens vivant en Cisjordanie occupée. En vigueur depuis le début, en 1967, de l’occupation israélienne de la Cisjordanie, cette loi est automatiquement ratifiée tous les cinq ans par le Parlement.
Mais l’opposition – qui soutient pourtant en grande partie cette loi – a infligé, le 6 juin dernier, un camouflet à la coalition, en réunissant une majorité de voix contre le renouvellement de cette loi, dans l’espoir de montrer les tensions internes dans la coalition. En effet, deux membres de la coalition, un député du parti arabe Raam et une députée arabe de la formation Meretz (gauche), ont voté contre le projet de loi, remettant ainsi en cause la stabilité du gouvernement dirigé par Naftali Bennett.
Ce texte devait être renouvelé d’ici le 30 juin, sans quoi les colons israéliens en Cisjordanie risquaient de perdre leur protection légale en vertu du droit israélien. En cas de dissolution de la chambre, toutefois, cette loi était automatiquement prorogée. «Avec l’expiration de cette loi, Israël risquait de sérieux problèmes sécuritaires et un chaos légal. Je ne pouvais admettre cela», a déclaré Naftali Bennett, chef de la formation de droite radicale Yamina, qui concentre ses appuis justement chez les colons, pour justifier la dissolution du Parlement.
Netanyahou voulait prendre les devants
Au cours des semaines précédant ce vote, la coalition avait déjà perdu sa majorité avec le départ d’une députée du parti Yamina. Et depuis ce vote, un autre député de cette formation de droite, Nir Orbach, a menacé de ne plus soutenir le gouvernement.
Dans ce contexte, l’opposition menée par l’ex-Premier ministre Benyamin Netanyahou, accusé de corruption dans une série d’affaires, menaçait de déposer, mercredi, un projet de loi pour dissoudre le Parlement. Mais la coalition a voulu prendre l’initiative, ce qui mènerait à de nouvelles élections le 25 octobre prochain.
Les derniers sondages placent toujours le Likoud (droite) de Benyamin Netanyahou en tête dans les intentions de vote, mais sans dépasser le seuil de la majorité (61 députés sur les 120 du Parlement) avec ses alliés des partis ultraorthodoxes et de l’extrême droite.