Abbaye d’Hauterive (FR)Un moine pointé du doigt par le monastère pour des abus sexuels
L’abbaye d’Hauterive recherche des témoins d’agressions sexuelles perpétrées par un ancien frère. Si les faits sont aujourd’hui prescrits, la communauté souhaite rétablir la vérité pour les victimes.
Les faits présumés remontent à plus de trente ans. Parti de la communauté d’Hauterive et de l’état religieux en 1996, un ancien moine est aujourd’hui soupçonné d’avoir commis des violences sexuelles à l’égard de femmes majeures au sein du culte dans les années 80-90. Le supérieur actuel Dom Marc de Pothuau a reçu pour la première fois le témoignage d’une victime en juillet 2019. Cinq autres ont été répertoriés en 2023. Les faits évoqués sont aujourd’hui prescrits selon la police cantonale fribourgeoise et ne peuvent donc pas être légalement poursuivis, mais l’abbaye tient tout de même à rétablir la vérité: «Nous espérons qu’en le reconnaissant publiquement, la communauté d’Hauterive puisse contribuer à aider [les victimes] un tant soit peu», écrit Dom Marc de Pothuau dans un communiqué paru lundi. C’est pourquoi le monastère a lancé un appel à témoins.
Le frère en cause avait la responsabilité d’accueillir les hôtes au sein de l’abbaye depuis 1980. Déjà à l’époque, il lui était imputé de ne pas toujours garder ses distances avec certaines femmes. Il a fallu attendre 1992 pour qu’une première plainte soit enregistrée pour attouchements. Il est alors envoyé séjourner au sein de plusieurs communautés religieuses en guise de punition, afin d’y retrouver sa vocation initiale. Parallèlement, le supérieur de l’époque envoie un courrier à toutes les connaissances du présumé pour expliquer les faits qui lui sont reprochés. C’est alors qu’une deuxième femme évoque avoir, elle aussi, vécu un épisode malheureux avec le moine: ce dernier avait tenté de l’embrasser sur la bouche.
La communauté d’Hauterive enjoint toute personne concernée par les faits évoqués à la contacter. Elle présente aussi ses excuses : «Notre communauté ne peut pas passer à autre chose sans auparavant s’adresser résolument à celles qui ne peuvent plus tourner la page depuis qu’elles ont jadis passé la porte de notre abbaye.»