Discours sur l’état de l’UnionVon der Leyen veut «avancer» sur l’élargissement de l’UE
Lors de son allocution annuelle devant les eurodéputés, la présidente de la Commission européenne a mis l’accent sur la transition écologique et l’adhésion de nouveaux membres.
A neuf mois des élections européennes, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a défendu mercredi un Pacte vert «juste et équitable» face aux réticences qu’il suscite, et appelé à préparer l’élargissement de l’UE sans attendre de modifier les traités.
L’Ukraine, mais pas que
Dans son discours annuel sur l’état de l’Union, prononcé devant les eurodéputés réunis à Strasbourg, la responsable allemande a vigoureusement défendu son bilan – assurant avoir traduit en action «plus de 90%» des orientations présentées à son arrivée – sans donner la moindre indication sur son avenir politique. Mais dans un contraste saisissant avec l’an dernier, l’Ukraine n’était pas le thème central de son discours, délivré en jonglant entre anglais, français et allemand.
Si elle a salué les «grandes avancées» réalisées par Kiev sur la voie de son adhésion à l’Union, et réaffirmé le soutien des Européens «aussi longtemps que nécessaire» face à l’offensive russe, elle s’est surtout attardée sur l’ambitieux Pacte vert visant à sabrer les émissions carbone du continent. Preuve de sa volonté de donner des gages à l’industrie européenne, elle a souligné que la transition verte devait se faire dans le cadre d’une concurrence équitable. Elle a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les subventions publiques chinoises aux automobiles électriques pour défendre l’industrie européenne face à des «prix artificiellement bas».
«Transition juste et équitable»
Les législations environnementales suscitent des crispations croissantes de certaines Etats membres et des eurodéputés de son propre camp, le PPE (droite), qui appellent à une «pause» réglementaire et dénoncent volontiers le «fardeau» administratif pour entreprises et agriculteurs.
Alors que, hormis le plan climat, le Pacte vert reste largement inachevé avec 37 textes encore en négociations (dont ceux, très disputés, sur la «restauration de la nature» et l’encadrement des pesticides), Ursula von der Leyen a annoncé sa volonté de «garder le cap» et «rester ambitieux». Mais aussi de «garantir une transition juste et équitable» avec «la promesse solennelle de ne laisser personne de côté», a-t-elle aussitôt ajouté, promettant des «dialogues» avec les industriels et «moins de polarisation» avec les agriculteurs.
«Adapter plus rapidement l’Union»
Sur l’élargissement de l’UE, ses mots étaient particulièrement scrutés: le président du Conseil européen Charles Michel avait appelé l’UE à se préparer à intégrer de nouveaux membres «d’ici 2030». «Si nous voulons être crédibles, nous devons parler de calendrier», avait-il lancé. Bruxelles doit présenter à l’automne ses recommandations sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie. Cinq pays des Balkans occidentaux sont aussi candidats à l’adhésion, et pour certains en négociation avec l’UE depuis une décennie. «Nous ne pouvons pas -nous ne devrions pas- attendre de modifier les traités pour avancer sur la voie de l’élargissement», a souligné Ursula von der Leyen, appelant à «adapter plus rapidement l’Union», ses institutions et son budget --mais en se gardant de fixer un quelconque calendrier.
Enfin, la présidente de la Commission a pointé les «forts vents contraires» assombrissant la conjoncture économique: les pénuries de main- d’oeuvre -- «goulets d’étranglement de la compétitivité», mais surtout la persistance d’une «inflation forte»: le retour à l’objectif d’une inflation à 2% en zone euro «prendra du temps», a-t-elle reconnu --elle s’élevait à 5,3% en août.