ÉnergieBerlin ouvre la porte à une prolongation des centrales nucléaires
Alors qu’elle devait sortir du nucléaire en décembre, l’Allemagne pourrait accorder un sursis à ses trois dernières centrales, face à la pénurie de gaz russe et à la lenteur du développement des énergies renouvelables.
Olaf Scholz a estimé, mercredi, que cela «peut faire sens» de prolonger la durée d’exploitation des trois dernières centrales nucléaires en activité en Allemagne, en partie privée de gaz russe et qui craint une crise énergétique. Ces centrales «ne sont pertinentes que pour la production d’électricité, et seulement pour une petite partie de celle-ci», mais «cela peut quand même avoir du sens», a affirmé le chancelier allemand.
L’Allemagne a en principe décidé de sortir de l’énergie nucléaire à la fin de cette année. La raréfaction des livraisons de gaz russe en Allemagne a toutefois remis sur le tapis la question de maintenir les dernières centrales en activité plus longtemps que prévu, face à la crise gazière.
Dans les prochaines semaines, Berlin doit trancher sur une possible prolongation de ces centrales en s’appuyant sur une nouvelle expertise en cours. Une fois les résultats de ce «test de résistance» connus, «nous tirerons nos conclusions», a dit le chancelier lors d’une visite à Mülheim an der Ruhr (ouest), sur le site de l’industriel Siemens Energy, où une turbine à gaz réparée et destinée à équiper un gazoduc russe vers l’Europe attend d’être acheminée vers la Russie.
Six pour cent de la production nette
Les trois centrales nucléaires encore en activité – en Bavière, Basse-Saxe et Bade-Wurtemberg – concourent actuellement pour 6% de la production nette d’électricité en Allemagne. La question de leur prolongation divise la coalition gouvernementale, les Verts étant sceptiques, le Parti social-démocrate d’Olaf Scholz jusqu’ici réservé et les libéraux du FDP pour. Elle est aussi réclamée par l’union conservatrice CDU-CSU dans l’opposition.
Olaf Scholz a justifié les réflexions en cours sur une prolongation du nucléaire par le fait que le développement des énergies renouvelables, censées remplacer l’énergie nucléaire et le charbon, est plus lent que prévu. Il est «très différent d’une région à l’autre en Allemagne», a-t-il dit. «C’est particulièrement vrai en Bavière, qui a progressé lentement avec l’expansion de l’énergie éolienne», a-t-il lancé, dans une pique à l’adresse de cette région historiquement dirigée par les conservateurs et fortement consommatrice d’énergie.