SlovaquieManifestation contre un projet de révision du code pénal
Le gouvernement slovaque cherche à réviser le code pénal et d’alléger notamment les peines pour corruption ou pour des délits économiques.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté jeudi dans toute la Slovaquie contre un projet de révision du code pénal prévoyant notamment un allègement des peines pour corruption, qui a également suscité les critiques de l’Union européenne.
Quelque 26’000 personnes sont descendues dans les rues de la capitale Bratislava, a déclaré la police, tandis que des rassemblements plus modestes ont été organisés dans plus de 20 autres villes. Les manifestants à Bratislava brandissaient des banderoles avec des slogans tels que «Ne touchez pas à notre démocratie!» et «Nous ne nous tairons pas!».
Les amendements au code pénal promus par le premier ministre populiste, Robert Fico, comprennent aussi un assouplissement des sanctions pour les délits économiques ainsi que la levée de la protection des policiers lanceurs d’alerte.
«Vous êtes ivre de pouvoir»
Le gouvernement, qui compte des ministres prorusses d’extrême droite, veut en outre à travers ces modifications obtenir la suppression du bureau du procureur chargé des affaires de corruption au plus haut niveau et de criminalité organisée dans ce pays de l’UE de 5,4 millions d’habitants. Selon Robert Fico, cet organisme est partial et traite injustement les responsables de son parti Smer-SD.
«Ralentissez, M. Fico. Vous êtes ivre de pouvoir», a lancé Michal Simecka, le chef du parti d’opposition PS, au cours de la principale manifestation, dans la capitale. «La Slovaquie verra la plus grande amnistie de criminels de l’histoire», a de son côté dénoncé Richard Sulik, à la tête du parti SaS, également dans l’opposition.
Le Parlement prévoit de voter les amendements controversés par le biais d’une procédure législative accélérée, une étape qui a suscité les critiques de la présidente slovaque Zuzana Caputova et de parlementaires de l’opposition.
Pression de l’UE
Mercredi, le Parlement européen a dans une résolution condamnée ce projet de loi et exprimé «sa profonde inquiétude face à l’accélération injustifiée du processus législatif» en vue de son adoption, jugeant par ailleurs que cette révision envisagée du code pénal «menace l’intégrité des processus judiciaires et porte atteinte à la lutte de l’Union européenne contre la fraude».
Dans une lettre du 5 décembre, la Commission européenne avait demandé au gouvernement slovaque d’y surseoir. Plusieurs milliers de personnes ont déjà manifesté les 12 et 19 décembre à Bratislava et dans plusieurs autres villes de Slovaquie contre ce projet.
La présidente Caputova, elle-même avocate, a de son côté appelé jeudi au Parlement le gouvernement à reconsidérer ces amendements «mal conçus et précipités» qui «pourraient causer des dommages sociétaux imprévisibles et interférer de manière irréversible avec les droits des parties lésées».