NicaraguaLe président Daniel Ortega est réélu avec 75% des voix
Les États-Unis ont menacé d’imposer de nouvelles sanctions au Nicaragua après ces résultats. Tous les rivaux sérieux du chef de l’État ont été placés en détention.
Le président du Nicaragua Daniel Ortega était assuré d’être réélu pour un quatrième mandat de cinq ans après les élections de dimanche, qualifiées de «comédie» par Washington et dont la seule inconnue est le taux d’abstention puisque tous les rivaux sérieux du chef de l’État ont été placés en détention. Selon les résultats partiels tombés ce lundi vers 10 heures en Suisse, il est réélu avec 75% des voix.
Les bureaux de vote avaient fermé à 18 h et les premiers résultats étaient attendus vers minuit, selon le tribunal électoral. Seul le taux de participation pourrait donner une idée de l’adhésion réelle des Nicaraguayens au «ticket» formé par Daniel Ortega, 76 ans et son épouse Rosario Murillo, 70 ans, vice-présidente depuis 2017.
Les journalistes de plusieurs médias internationaux, dont CNN et le Washington Post, se sont vus interdire l’accès au territoire, et le gouvernement a refusé la présence d’observateurs indépendants. Les autorités ont cependant accrédité samedi environ 200 «accompagnateurs électoraux» et journalistes triés sur le volet, des «militants sandinistes» étrangers, selon Urnas Abiertas, un observatoire indépendant.
Réaction de Washington
Les États-Unis ont menacé d’imposer de nouvelles sanctions au Nicaragua.
«Nous continuerons à avoir recours à la diplomatie, à des mesures coordonnées avec nos alliés et partenaires régionaux, aux sanctions et aux restrictions de visa» pour que «les complices des actes non démocratiques du gouvernement Ortega-Murillo rendent des comptes», a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué, sans plus de précisions.
Le président américain Joe Biden avait dénoncé dès dimanche soir le scrutin, qualifié de «comédie». «Ce que le président du Nicaragua et son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo, ont orchestré aujourd’hui est une élection pantomime qui n’était ni libre, ni juste, et certainement pas démocratique», avait-il dit dans un communiqué.
100’000 Nicaraguayens en exil depuis 2018
Les opposants sont accusés d’atteinte à la souveraineté nationale, de soutenir les sanctions internationales contre le Nicaragua, de «trahison de la patrie» ou de «blanchiment d’argent», en vertu de lois votées fin 2020 par le Parlement, acquis à l’exécutif, tout comme le pouvoir judiciaire et le tribunal électoral.
La peur court dans le petit pays d’Amérique centrale de 6,5 millions d’habitants, le plus pauvre de la région et en proie depuis les troubles de 2018 à l’inflation, au chômage et à la pandémie de coronavirus, dont l’ampleur est niée par le pouvoir. Depuis les manifestations du printemps 2018, plus de 100’000 Nicaraguayens ont pris le chemin de l’exil. Héros de la révolution, l’ancien guérillero Daniel Ortega est aujourd’hui accusé par ses opposants d’agir de la même façon que le dictateur Anastasio Somoza, qu’il a contribué à renverser en 1979.