Éditorial - La Suisse se réveille du côté de l’Ukraine!

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ÉditorialLa Suisse se réveille du côté de l’Ukraine!

Il était temps que le Conseil fédéral sorte de son indécision, face à l’arrogance militaire de la Russie de Vladimir Poutine. Le choix moral l’a emporté. Vive l’Ukraine libre!

Eric Felley
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Eric Felley
L’agression de la Russie contre l’Ukraine a causé une véritable vague de sympathie pour ce pays dans la population helvétique et dans son Parlement.

L’agression de la Russie contre l’Ukraine a causé une véritable vague de sympathie pour ce pays dans la population helvétique et dans son Parlement.

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«La Suisse se tient du côté de l’Ukraine et de sa population». Le président Ignazio Cassis a été on ne peut plus clair durant sa longue journée de lundi qui a commencé à Genève à l’ouverture du Conseil des droits de l’homme, puis à Berne au Conseil fédéral puis encore au Parlement. Il n’a plus laissé la moindre équivoque dans la position de la Suisse face à «l’attaque inacceptable» de la Russie de Poutine. À Berne le Parlement a débattu en présence de l’ambassadeur ukrainien au moment de voter une déclaration pour le cessez-le-feu. Nulle trace de l’ambassadeur russe dans les tribunes.

En précisant la nature de la réponse suisse à l’agression, le Conseil fédéral a pris la décision logique de rejoindre la stratégie occidentale. Certes, les cinq journées d’hésitation entachent quelque peu cette décision. Certains à gauche ont ironisé sur le fait que les oligarques visés avaient eu le temps de sortir leur argent. Mais pour le mettre où? En Suisse, il reste en sécurité. Les comptes sont gelés, l’argent n’est finalement pas perdu.

Rattraper le temps perdu

Il semblerait que lundi, c’est le Conseil fédéral tout entier qui a voulu rattraper le temps perdu avec la présence de quatre de ses membres à sa conférence de presse. D’habitude si prudente, pour ne pas dire réticente, quand on parle de réfugiés, Karin Keller-Sutter s’est montrée sous un autre jour en parlant «d’options pour offrir de manière non bureaucratique aux Ukrainiens la protection dont ils ont besoin». Ils peuvent rester 90 jours sans visa, sans passeport et ensuite obtenir un statut de protection «S», une procédure jamais utilisée. Enfin Viola Amherd a dit que la Suisse allait acheminer 25 tonnes de produits de première nécessité pour 8 millions de francs.

Le prétexte des «bons offices»

La Suisse s’est donc réveillée ce lundi clairement du côté de l’Ukraine. Mieux vaut tard que jamais, car la guerre lancée par Vladimir Poutine n’est pas finie. Les circonstances ont obligé le Conseil fédéral à redéfinir une neutralité «qui ne peut bénéficier à l’agresseur», selon le président Cassis. Vouloir se donner de la marge pour jouer «les bons offices» restait louable sur le principe. Mais pour nos voisins et partenaires, l’idée que ce soit un prétexte pour continuer de faire des affaires avec l’oligarchie de Moscou était un peu trop voyante.

Pouvait-il faire autrement?

Évidemment que les autorités fédérales ne prennent pas de gaieté de cœur le fait de s’ingérer dans la gestion de fortune des oligarques russes, qui pourraient leur en tenir rigueur. Mais nul ne sait comment va se prolonger ce conflit et comment il pourrait impacter l’avenir de la Suisse. Avec cette décision, le Conseil fédéral a donné des gages à la coalition internationale contre Poutine, dont fait partie l’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Pouvait-il faire un autre choix?

Contradictions à l’UDC

Une nouvelle fois, comme lors de la pandémie, l’UDC se place en marge de la politique du Conseil fédéral qui selon elle porte un coup de fatal à la neutralité helvétique. On sait que dans les rangs UDC existe une sympathie certaine, pour ne pas dire de l’admiration, pour la personnalité de Vladimir Poutine et son régime autocratique. Il y a là une contradiction car, en Suisse, ce même parti fait l’apologie des valeurs de la démocratie directe, de la liberté individuelle ou de la liberté d’expression, qui sont déclinées d’une toute autre manière par l’actuel locataire du Kremlin.

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