Football: Aarau - Xamax, le match d’après pour Franck Surdez

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FootballAarau - Xamax, le match d’après pour Franck Surdez

Victime d’une impressionnante crise d’épilepsie il y a deux semaines à Kriens, le jeune avant-centre neuchâtelois revient au jeu ce vendredi (19h30). Il raconte comment il a vécu cet épisode.

Brice Cheneval
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Brice Cheneval
Franck Surdez est apte à retrouver sa place de titulaire à Xamax.

Franck Surdez est apte à retrouver sa place de titulaire à Xamax.

Urs Lindt/freshfocus

Après l’effroi, le temps du repos. Suite au glaçant malaise de Franck Surdez à Kriens il y a deux semaines, Neuchâtel Xamax a verrouillé la communication de son jeune avant-centre, afin de le laisser digérer le traumatisme. Visiblement, sa convalescence s’est déroulée comme prévu puisqu’il devrait effectuer son retour au jeu contre Aarau, ce vendredi (19h30). Les signaux sont au vert. Mais il est toujours plus rassurant d’en recevoir la confirmation du principal intéressé. Alors ce dernier sort enfin du silence. «Je me sens très bien, annonce-t-il. Je m’en suis remis assez vite. Je n’ai pas de séquelles.» C’est bien là l’essentiel, avant d’aborder la suite. Car son accident a, l’espace de plusieurs minutes transformées en éternité, laissé craindre un drame.

On joue la 19e minute lorsque Surdez, auteur de l’ouverture du score quelques instants plus tôt, est victime d’un violent tête contre tête avec Marijan Urtic. Il s’écroule au sol et contracte d’intenses convulsions. Panique sur la pelouse. Les joueurs alentour tentent de dissimuler la scène comme ils peuvent. Le Xamaxien est finalement évacué sur civière et le match, interrompu sur le coup, ira à son terme après concertation entre l’arbitre, les entraîneurs et les capitaines. Les acteurs du jeu sont soulagés devant l’état de santé de Surdez, rapidement redevenu conscient. «Je n’ai aucun souvenir de l’action, témoigne t-il. Je me souviens seulement d’avoir marqué et de m’être réveillé en dehors du stade, juste avant d’entrer dans l’ambulance. Un blackout total. Mes coéquipiers m’ont pourtant dit que je parlais. Au début, je ne comprends pas trop où je suis. Je suis encore sonné, je vois un peu trouble, mes jambes me piquent. Mais je me sentais plutôt bien, je n’étais pas conscient de la gravité de la situation. J’étais dans l’euphorie de mon but.»

«Je me souviens seulement d’avoir marqué et de m’être réveillé en dehors du stade, juste avant d’entrer dans l’ambulance»

Franck Surdez, attaquant de Neuchâtel Xamax

Depuis, l’attaquant de 19 ans a revu les images du choc. «C’est vrai qu’elles sont impressionnantes, reconnaît-il, mais ça ne m’a pas fait grand effet. Plus à mes proches. Devant l’action, je me dis que c’est de ma faute. Je suis allé un peu trop comme un gamin sur le ballon.»

Les examens ont fait état d’une crise d’épilepsie et Franck Surdez a été placé en repos pendant une semaine complète, avec pratique du sport interdite et réduction des écrans. Ce n’est que lundi qu’il a pu reprendre l’entraînement, sans contact dans un premier temps. Lorsque le moment fatidique est arrivé, il assure ne pas avoir ressenti la moindre appréhension. Son principal obstacle réside surtout dans la reprise de sensations, du rythme. «Les premiers jours, je sentais mes «cannes» directement à la fin de l’entraînement, raconte-t-il. Quand tu ne fais aucun effort pendant une semaine, le retour se révèle compliqué. Là ça va mieux, mais je ne sais pas si je pourrais être à 100% face à Aarau.»

Titulaire depuis mi-février

«Francky» peut enfin reprendre une ascension qui s’est accélérée depuis la mi-février. Jusqu’alors, ce pur produit de la formation xamaxienne, passé pro en mars 2021, comptait seulement 20 apparitions en équipe première, dont une dans le onze de base. Les départs de Louis Mafouta et Maren Haile-Selassie, en janvier, ont rebattu les cartes dans le secteur offensif. Par ailleurs, conforté par la tournure de la saison neuchâteloise - ni concerné par les premières places ni menacé de relégation, Andrea Binotto a accru sa confiance dans les jeunes les moins expérimentés. «L’an dernier, vu les difficultés du club (ndlr: Xamax a assuré sa survie en Challenge League lors de la dernière journée), c’était plus délicat de faire appel à nous. Cette saison, on se sent plus importants, relate-t-il. Le staff fait le maximum pour qu’on progresse le plus possible en vue de la saison prochaine. On est mis dans les meilleures conditions. Je me trouve au bon endroit au bon moment.»

En compagnie de Yoan Epitaux, Adam Ouattara ou Fabio Saiz (21 ans chacun), Franck Surdez incarne cette relève au pouvoir. Titularisé lors des 9 derniers matches, au côté de l’icône locale Raphaël Nuzzolo, il emmagasine des minutes et de l’expérience. «Je me sens plus à l’aise sur le terrain, je ressens moins de pression.» Excepté l’incident survenu à Kriens, son apprentissage du monde professionnel se déroule pour l’instant sans accroc. «Avec l’aide de «Badi» (ndlr: Alexandre Badibanga, l’adjoint en charge des attaquants), j’ai appris à mieux me placer, à muscler mon jeu. Et les anciens nous poussent à être perfectionnistes.» Il s’est également nourri de son passage en équipe de Suisse M20, fin mars. Appelé pour la première fois, il s’est distingué en inscrivant deux buts et en délivrant une passe décisive. «Ça récompense mon travail», dit-il.

Après l’effroi puis le repos, il est temps de reprendre cette marche en avant.

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