La Sagne (NE)Léon le paon craint la grippe aviaire
Les autorités imposent une volière et une compagne pour l’oiseau bleu, mais c’est à cause d’un virus que son propriétaire le garde seul dans sa grange.
- par
- Vincent Donzé
lematin.ch l’annonçait avant Noël: à La Sagne (NE), Léon le paon est privé de sortie. Pas à cause de la météo, à une altitude de 1113 mètres: si son propriétaire Claude Saisselin garde sa mascotte à la grange, c’est à cause de la grippe aviaire. Une situation qui ne satisfait pas le Service neuchâtelois de la consommation et des affaires vétérinaires: Léon n’a pas de compagne, ce qui contrevient aux règles élémentaires.
«Léon est heureux à la grange», soutient Claude Saisselin, équipé d’une lampe frontale pour éclairer son protégé. Léon se tient sur une poutre. Il en change de temps en temps en se tenant hors de portée d’un prédateur improbable, la grange étant fermée. L’oiseau peut sautiller jusqu’à la cage aux poules. Bref: nourri par son maître, le paon fait ce qui lui plaît dans un vaste espace.
Démêlés
Dans l’ancienne boucherie de ce village d’un millier d’habitants, Claude Saisselin n’utilise plus les installations après ses démêlées avec les inspecteurs. Devenu concierge, il glisse dans un classeur le courrier des autorités. Ici une amende de 600 francs pour la détention boiteuse de deux canards de Barbarie, là une facture de 687 francs pour deux contrôles qui ont débouché sur leur séquestre.
Claude n’a plus ni lapins, ni perdrix, ni canards. Ce célibataire de 57 ans n’a gardé que quelques poules et un perroquet, mais la relation entre ce fils de paysan et les représentants de l’autorité se cristallise sur Léon le paon. L’inspection vétérinaire a été claire: un paon détenu seul, c’est interdit, qui plus est en liberté autour de la ferme et régulièrement sur la route.
«Il ne dérange personne»
«Il vous a été demandé de lui construire un enclos adapté et de lui trouver une compagne», lui a écrit l’Inspection vétérinaire. Résultat neuf mois plus tard: Léon et toujours célibataire et la grange lui sert volière, en attendant le printemps.
Son paon, Claude Saisselin l’a acheté pour ses enfants il y a quatre ans, à la foire agricole de Chaindon, à Reconvilier (BE): «Léon connaît tous les recoins de mon domaine», indique ce propriétaire, convaincu d’avoir été dénoncé par quelqu’un de passage.
Sa voisine Miryam Burgat a lancé une pétition en ligne intitulée «Sauvons Léon le paon!» munie lundi de 2104 signatures. «Ce paon ne dérange personne. Il va se percher dans un arbre en été pour y passer la nuit et il dort dans sa grange l’hiver pour se protéger du froid», rapporte-t-elle. Mais c’est pour le bien-être des animaux que la loi impose de les détenir par deux, les chats exceptés.