MonténégroLe fondateur de la cryptomonnaie Terra, en fuite, a été arrêté
Le gendarme boursier américain avait inculpé, mi-février, Do Kwon pour avoir «orchestré une fraude de plusieurs milliards de dollars en actifs crypto». Il vient d’être interpellé.
Le fondateur de la cryptomonnaie Terra, Do Kwon, en fuite, a été arrêté au Monténégro, a annoncé, jeudi, le ministre de l’Intérieur. «La police du Monténégro a arrêté une personne soupçonnée d’être un des fugitifs les plus recherchés au monde, le Sud-Coréen Do Kwon, cofondateur et PDG de Terraform Labs», a annoncé sur Twitter Filip Adzic.
Le suspect a été arrêté à l’aéroport de la capitale, Podgorica, en possession de «documents falsifiés». «Nous attendons une confirmation officielle de son identité», a poursuivi Filip Adzic. Le gendarme boursier américain, la SEC, a inculpé, mi-février, Do Kwon pour avoir «orchestré une fraude de plusieurs milliards de dollars en actifs crypto».
Perte de quelque 40 milliards
Interpol avait diffusé en septembre une notice rouge pour le localiser, à la demande de procureurs sud-coréens. Le Parquet avait demandé au Ministère des affaires étrangères à Séoul de révoquer son passeport, affirmant que Do Kwon était «en fuite».
La chute de Terraform Labs et le crash de la cryptomonnaie Terra l’an dernier avaient fait perdre près de 40 milliards de dollars (quelque 36,63 milliards de francs) à des investisseurs, et avaient ébranlé le marché mondial des cryptomonnaies. Terraform Labs proposait une cryptomonnaie dite stable, ou «stablecoin», le Terra.
Adossé à une devise traditionnelle
En principe, le cours d’un stablecoin est adossé à celui d’une devise traditionnelle ou à des actifs tangibles, ce qui garantit aux investisseurs plus de stabilité dans l’univers très volatil des cryptomonnaies. Mais la stabilité de certaines de ces cryptomonnaies n’est pas assurée par des réserves en devises, mais par un algorithme qui réalise des arbitrages en fonction de l’offre et de la demande d’une autre cryptomonnaie.
C’était le cas du Terra, qui était adossé au cryptoactif développé par la Luna Foundation Guard. Selon la plainte de la SEC, Terraform et Do Kwon «ont à maintes reprises dupé les investisseurs» en affirmant qu’une populaire application coréenne de paiement avait utilisé la technologie derrière le Terra pour régler des transactions qui augmenteraient la valeur du Luna.
Le système de Terraform Labs «constituait simplement une fraude gonflée par un pseudo-stablecoin algorithmique, dont le prix était contrôlé par les accusés, et pas par un quelconque code informatique», a affirmé un haut responsable de la SEC, Gurbir Grewal.
Quatrième «stablecoin»
En avril 2022, la valeur du Terra avait atteint son plus haut niveau. Selon CoinMarketCap, il était alors le quatrième stablecoin le plus important et la dixième principale cryptomonnaie en matière de valeur marchande. Un mois plus tard, le Terra avait perdu plus de la moitié de sa valeur en à peine Vingt-quatre heures, semant un vent de panique.
Très vite, le stablecoin et son jeton jumeau Luna sont tombés à zéro, frappant les économies de nombreux petits investisseurs. Les autorités sud-coréennes ont, depuis, ouvert plusieurs enquêtes criminelles autour de cette affaire.
La Corée du Sud va demander l’extradition du fondateur de la cryptomonnaie Terra
La Corée du Sud va demander l’extradition de Do Kwon, le fondateur en fuite de la cryptomonnaie Terra, ont indiqué vendredi des procureurs à l’AFP, après l’arrestation de l’homme au Monténégro. «Les procureurs de la Corée du Sud vont prendre des mesures pour rapatrier Kwon Do-hyung. Nous y travaillons», a expliqué à l’AFP Kim Hee-kyung, une porte-parole du cabinet des procureurs du sud de Séoul, en citant son nom complet.