BerneZelensky: «Je te remercie peuple suisse de ne pas rester indifférent»
Le président ukrainien s’est exprimé jeudi devant le Parlement par visioconférence. Il a demandé à la Suisse d’organiser un sommet mondial pour la paix. L’UDC l’a boycotté.
- par
- Christine Talos
Événement exceptionnel ce jeudi à Berne. En effet, Volodymyr Zelensky s’est exprimé à 14h devant le Parlement suisse en visioconférence. Le président ukrainien a remercié la Suisse pour sa solidarité. «Je te remercie peuple suisse de ne pas rester indifférent» face à la souffrance de son pays, a-t-il lancé. Avant de demander que la Suisse organise un sommet mondial pour la paix, son domaine «d’expertise», a-t-il expliqué en ukrainien.
Volodymyr Zelensky a remercié la Suisse d’avoir repris les sanctions européennes contre la Russie. «Je suis reconnaissant pour tout paquet de sanctions, toute fortune gelée, toute mesure qui peut réduire le potentiel terroriste de la Russie et toute livraison d’armes», a-t-il souligné. Il a mentionné le débat sur la réexportation d’armes en Suisse. «Je sais qu’il y a ce débat chez vous. Mais je vous lance un appel: rappelez-vous que nous demandons des armes pour que le sol ukrainien redevienne une terre de paix. C’est tout ce que nous voulons et rien d’autre». Il a encore appelé à «rétablir l'équité et la justice» en instituant un tribunal «pour juger les criminels de cette guerre».
A 1500 km
Durant une dizaine de minutes, le président ukrainien a évoqué le quotidien de son pays confronté à une agression sans merci de la part de Moscou depuis le 24 février 2022. «Tous les soirs, les Ukrainiens vérifient qu’il n’y a pas d’alertes d’avions prêts à déverser des missiles sur eux et mettent à l’abri leurs enfants. Cela se passe à 1500 km de chez vous», a-t-il lancé dans un discours bien rôdé alors qu’une poignée de manifestants pro ukrainiens étaient sur la place Fédérale.
Il a également dénoncé les crimes russes, les enlèvements d’enfants, les attaques de drones. «Pourtant nous défendons les mêmes valeurs fondamentales que vous: la paix. Car même si c’est paradoxal, le sol ukrainien est un territoire de paix». Et d’ajouter: «Il n’y a rien qui puisse faire de nous la source de cette guerre». Il a reçu une standing ovation des députés présents.
Les présidents des Chambres ont également prononcé des discours jeudi. «Le Parlement suisse adresse un signe de solidarité avec le peuple ukrainien en retransmettant votre discours», a souligné le président du National, Martin Candinas (C/GR). «La Suisse se range du côté du droit international. Notre soutien à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans le cadre de ses frontières internationalement reconnues ne doit faire aucun doute», a estimé de son côté Brigitte Häberli-Koller (C/ZG), la présidente des Etats
L’UDC absente
Comme prévu, l’UDC, qui avait échoué en début de session à faire passer une motion d’ordre visant à annuler la visioconférence, estimant qu’elle était contraire à la neutralité helvétique, a boycotté l’allocution du président. Seuls deux élus alémaniques étaient présents dans la salle où étaient dressés quatre écrans géants.
Pour rappel, le National a refusé lors de cette session, une motion demandant que la Suisse s’engage pour 5 milliards de francs d’aide à l’Ukraine. Le Conseil des États a, lui, renvoyé cette proposition en commission le 12 juin. En outre, une motion de la gauche qui voulait créer une taskforce pour traquer l’argent des oligarques russes dissimulé en Suisse, malgré les sanctions, a été refusée ce mercredi au National. En revanche, le Conseil des États a ouvert la voie à la réexportation des armes suisses vers l’Ukraine, en acceptant le 7 juin une initiative parlementaire en ce sens.
Dans un contexte de cyberattaques
Le discours de Volodymyr Zelensky s’est tenu sans incident ou cyberattaque. Il est intervenu alors que le groupe de hackers prorusse NoName a multiplié les attaques en Suisse ces derniers jours. Zurich, Bâle et Lausanne ont à leur tour subi mercredi une attaque informatique empêchant temporairement l’accès à leurs sites Internet, après que la Confédération, le Parlement ou les CFF ont déjà été touchés lundi et la semaine dernière. Ce jeudi, NoName s’en est encore pris aux sites de MySwitzerland, SwissID ou celui des transports publics zurichois. Il s’agit à chaque fois d’attaques par déni de service distribué (DDoS), qui visent à rendre inaccessible un serveur en le saturant de demandes d’accès.