Agressions sexuellesLe parquet de Paris ouvre une enquête contre Nicolas Hulot
La procureure de Paris a annoncé, vendredi, l’ouverture d’une enquête contre l’ancien animateur TV et ministre Nicolas Hulot. Au moins six femmes l’accusent de viol.
Une enquête préliminaire pour viol et agression sexuelle a été ouverte vendredi, au lendemain de la diffusion d’un reportage de France 2 mettant en cause Nicolas Hulot, a annoncé la procureure de Paris, Laure Beccuau. Les investigations «s’attacheront à déterminer si les faits dénoncés peuvent caractériser une infraction pénale et si, au vu de leur ancienneté, la prescription de l’action publique est acquise», a-t-elle expliqué.
Au moins six femmes, dont une mineure au moment des faits, accusent l’ex-animateur et ancien ministre de l’Environnement de viols ou d’agressions sexuelles commis entre 1989 et 2001, ce qu’il conteste. Dans le reportage de 62 minutes, diffusé jeudi soir dans l’émission «Envoyé spécial», trois femmes racontent les agressions sexuelles dont elles disent avoir été victimes.
Agressée dans sa voiture
Sylvia y dit avoir été agressée sexuellement en 1989, à l’âge de 16 ans par Nicolas Hulot, dans la voiture de ce dernier, après avoir été invitée à assister à une émission qu’il animait alors à Paris. De son côté, Cécile raconte avoir repoussé, en 1998, dans un taxi à Moscou, les assauts de l’ex-animateur d’«Ushuaïa», qui lui a «touché les seins et l’entrejambe», alors qu’elle était âgée de 23 ans.
L’enquête télévisée comprend en outre le témoignage de la militante écologiste, Claire Nouvian, et revient sur la plainte pour viol déposée, en 2008, par Pascale Mitterrand, petite-fille de l’ancien président François Mitterrand, classée sans suite car les faits étaient prescrits. «Au cours de cette émission, Nicolas Hulot a été accusé, jugé et condamné. C’est proprement inacceptable», s’est ému un des avocats de l’animateur, vendredi matin, sur LCI.
Témoignages écrits
Deux autres femmes, l’ancienne animatrice Maureen Dor et une ancienne employée de TF1, ont en outre transmis à «Envoyé spécial» des témoignages écrits sur des faits dont elles accusent Nicolas Hulot. La veille de la diffusion du reportage, l’ancien animateur avait formellement nié, sur BFMTV, ces accusations d’agressions sexuelles et annoncé quitter «définitivement» la vie publique, pour protéger ses proches et sa fondation des retombées d’un «lynchage».
«Ce que j’ai vu, jeudi, ce sont des témoignages poignants, voire glaçants pour certains, et qui nous rappellent la nécessité que la justice puisse faire son travail dans ces situations face à de tels actes», a déclaré le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal. Interrogé sur le fait que Nicolas Hulot avait été soutenu, en 2018, par plusieurs membres du gouvernement lorsqu’avait été dévoilée la plainte pour viol de Pascale Mitterrand, il a expliqué qu’à l’époque, «il y a eu un soutien à l’État de droit, à la présomption d’innocence». «Aujourd’hui», a jugé Gabriel Attal, «il y a des témoignages supplémentaires qui s’ajoutent, qui n’étaient pas connus à l’époque».
Vérifier les faits
Le parquet de Paris a pris l’habitude d’ouvrir systématiquement des enquêtes sur les accusations de violences sexuelles contre des mineurs, même si les faits semblent prescrits, afin de vérifier les faits et de rechercher d’éventuelles autres agressions non prescrites.