ArgentineLes manifestations contre les réformes Milei continuent
Le Parlement argentin poursuit l’étude des réformes dérégulatrices voulues par le nouveau président Javier Milei, sur fond de tension dans les rues.
Un débat virulent s’est poursuivi jeudi au Parlement argentin sur les réformes dérégulatrices du président ultralibéral Javier Milei, sur fond de tension entretenue au-dehors par une deuxième mobilisation en deux jours, sous un imposant dispositif policier.
Plusieurs centaines de personnes, réunies à l’appel de mouvements de gauche radicale déjà présents la veille, d’un syndicat de fonction publique, d’un parti de jeunes, faisaient face en fin de journée à un important cordon de police, sans autre incident initial qu’une brève bousculade a constaté l’AFP. Un manifestant a été blessé au visage et évacué, dans des circonstances initialement non confirmées.
Six interpellations
Mercredi, une manifestation de plusieurs milliers de personnes, calme pour l’essentiel de la journée, avait dérapé en soirée en quelques heurts avec la police, qui a fait usage de gaz lacrymogène, pour dégager des axes de circulation, dispersant quelques dernières dizaines de manifestants, a constaté l’AFP.
Six personnes avaient été interpellées, toutes remises en liberté jeudi, dans ce que le parti d’opposition modérée UCR (centre-droit) a qualifié «de dangereuse avancée répressive alimentée par l’exécutif». Un député du parti au pouvoir a fait état jeudi d’un policier légèrement blessé mercredi.
À la mi-journée, les députés ont repris jeudi le débat, après une séance de douze heures mercredi, sur le vaste et polémique train de réformes de Javier Milei, touchant maints aspects de l’économie, des sphères publique et privée.
Démesurée
Démesurée avec 664 articles dans sa version initiale, la loi dite «omnibus» a été détricotée au fur et à mesure de tractations parlementaires, en commissions, et selon des sources législatives citées par la presse, ne resterait plus que 224 dispositions.
Mais une mouture écrite du texte, apparemment en constante évolution, n’avait toujours pas circulé entre les députés jeudi après-midi, suscitant l’indignation de parlementaires de gauche.
Deux aspects surtout génèrent des résistances: l’étendue de privatisations, avec 40 entreprises visées, et la délégation de pouvoirs accrus à l’exécutif, pour une période limitée, au nom de «l’urgence économique», en matière tarifaire, énergétique, fiscale notamment. L’opposition redoute que cela n’autorise à imposer par décret des réformes que le Parlement aurait rejeté.
«Pouvoirs absolus»
Un député d’opposition péroniste (gauche), Anibal Cisneros a aussi exprimé «la peur de donner des pouvoirs absolus» à Milei dont «on ne sait pas s’il ne va pas se réveiller en colère demain et déclarer la guerre au Chili, au Pérou ou à la Chine».
Damian Arabia, député de l’opposition de droite libérale allié du parti minoritaire de Milei (3e force au parlement), a exhorté la Chambre à voter les réformes «car ce qui est en jeu est la gouvernabilité».
Après un débat voué à s’étirer tard dans la nuit, les députés devaient procéder, vendredi au mieux, à un premier vote dit «général» sur le principe de la loi, avant une deuxième étape cruciale de débat sur le détail des articles, où plusieurs groupes visent des modifications supplémentaires.