BienneSilvia Steidle met les femmes à leur place
Après sa démission fracassante, l’ancienne conseillère municipale libérale-radicale a réalisé un court-métrage féministe.
- par
- Vincent Donzé
«Je viens de boucler mon premier court-métrage», a annoncé à ses partisans l’ancienne conseillère municipale Silvia Steidle (50 ans). «J’en sors un peu grisée d’avoir tout fait toute seule», a précisé cette libérale-radicale en mentionnant l’écriture, le tournage, la sonorisation et le montage du court-métrage «Les femmes et leur place».
La communication, c’est un domaine que Silvia Steidle maîtrise: elle a été porte-parole du conseiller fédéral Ueli Maurer! Lorsqu’elle s’est présentée à l’Exécutif de Bienne en 2009, cette parfaite bilingue qui a mené ses études de sciences politiques à Lausanne a été élue sans passer par le Législatif.
Aspects techniques
Las! Après 13 ans l’élue annonçait le 5 décembre dernier sa démission d’un gouvernement qui, disait-elle, «ne gouverne plus». «On multiplie les séances coûteuses avec des commissions, des comités, des conseils, en se concentrant sur les aspects techniques plutôt que politiques. Mais quand il s’agit de concrétiser des projets, la volonté manque et ils échouent trop souvent à mon goût», a déclaré Silvia Steidle au journal «Le Temps».
«Je suis une politicienne, pas une comptable qui ne fait que produire des rapports et des procès-verbaux», indiquait encore Silvia Steidle. «Quand je ne vois rien devant moi, aucune ambition, je pars! C’est dans mon caractère», sourit-elle aujourd’hui. Trois mois après son départ, la voilà qui produit… un court-métrage. «Les femmes et leur place» fait référence aux cinq rues portent le nom d’une femme, dans une ville de 57 000 habitants.
Pendant sa pause, Silvia Steidle a d’abord tâté de la linogravure en privilégiant le noir et blanc. «C’était une respiration de ne plus courir d’une séance à l’autre», sourit-elle. Elle qui se tenait souvent devant la caméra a mis son cerveau à l’envers, selon son expression. Sa passion pour l’image l’a conduit vers la vidéo, mais sous quelle forme?
Le déclic a été d’écouter le podcast «Voyage au Gouinistan» d’Aurélie Cuttat et Christine Gonzalez. «Moi qui n’avais jamais rien filmé, je n’y connaissais rien en technique», dit-elle. D’où la décision de suivre un cours au centre socioculturel de… l’Union syndicale vaudoise.
Arc-en-ciel
Pour le tournage, son naturel a repris le dessus: «Je saisis mon smartphone dans la cuisine de ma sœur, je recule puis j’avance…». Silvia Steidle monte dans une voiture avec sa mère au volant, guidée par… un arc-en-ciel. «On roulait comme dans un Louis de Funès», rigole la politicienne.
Le lendemain, le film était monté avec un programme «X Pro», image et son, pour être posté sur «YouTube». Encouragée par des réactions positives et admiratives, Silvia a d’autres idées en tête, à concrétiser avec son talent de réalisatrice. Se contentera-t-elle d’un rôle d’observatrice? «Cette face contemplative sera complémentaire à mon côté émotionnel, qui s’exprimera dans l’action!» promet-elle.
Silvia Steidle s’est portée candidate aux élections fédérales de l’automne prochain sur une liste paritaire composée de douze hommes et douze femmes, en briguant un siège au Conseil national. «Après l’annonce de ma démission, on m’a téléphoné le lendemain, à 8 h 15…», sourit celle qui a la politique chevillée au corps. «Rappelez-moi plus tard», a-t-elle alors répondu. C’est chose faite.