Guerre Israël-HamasCombats acharnés à Gaza et frappe sur un camp de réfugiés
Le point sur les dernières informations dans le conflit opposant Israël et le Hamas.
Les combats entre les soldats israéliens et le Hamas continuent de faire rage dans la bande de Gaza assiégée, où le mouvement islamiste palestinien a fait état d’au moins 30 morts dans un bombardement israélien contre un camp de réfugiés samedi soir. La majorité des victimes «sont des enfants et des femmes», a ajouté le ministère, affirmant que des maisons avaient été directement ciblées.
Un journaliste de l’agence turque Anadolu a déclaré à l’AFP que sa maison s’était partiellement effondrée lorsqu’une frappe aérienne avait touché l’habitation de ses voisins dans le camp de Maghazi, faisant de nombreuses victimes, dont deux de ses enfants. Lors d’une rencontre avec ses homologues de pays arabes à Amman samedi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a réitéré son appel à des «pauses humanitaires», censées aider à protéger les civils et à acheminer davantage d’aide vers la bande de Gaza assiégée.
Il a néanmoins répété qu’un cessez-le-feu ne ferait que «garder en place le Hamas», considéré comme un groupe «terroriste» par les États-Unis, l’Union européenne et Israël. Antony Blinken, qui a visité Israël vendredi, doit se rendre dimanche en Turquie qui a rappelé son ambassadeur en Israël pour consultations.
Une attaque d’une ampleur inédite
Israël a rejeté les appels à des «pauses humanitaires», exigeant la libération des otages emmenés à Gaza le 7 octobre par le Hamas lors de son attaque sur son territoire, d’une ampleur inédite depuis la création d’Israël en 1948. Outre les combats au sol, les bombardements aériens et à l’artillerie israélienne contre le territoire palestinien contrôlé par le Hamas depuis 2007 n’ont pas cessé, au 29e jour de la guerre, qui a fait des milliers de morts.
Le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, a inspecté les troupes dans la bande de Gaza, une première depuis le début de la guerre, et le ministre de la Défense Yoav Gallant a juré de «trouver» et «d’éliminer» le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinouar. Yoav Gallant a fait état de «combats difficiles à l’intérieur de la bande de Gaza» et affirmé que des troupes étaient entrées dans des «zones résidentielles».
«Nous sommes épuisés»
Samedi, l’un des bombardements israéliens a touché selon le Hamas une école de l’ONU où s’abritaient des déplacés palestiniens dans le camp de réfugiés de Jabaliya, faisant 15 morts. «Les bombes tombaient sur nous, les gens étaient coupés en morceaux, ils sont tous morts ou blessés, nous voulons une trêve, s’il vous plaît, nous sommes épuisés», a raconté Sajda Maarouf, une Palestinienne qui a trouvé refuge dans l’une des écoles.
Après l’évacuation ces derniers jours de Gaza vers l’Égypte de plusieurs centaines de blessés, d’étrangers et de binationaux via le point de passage de Rafah, le gouvernement du Hamas a suspendu les évacuations en raison du refus d’Israël de laisser partir des blessés palestiniens. «Aucun détenteur de passeport étranger ne pourra partir avant que les blessés qui doivent être évacués des hôpitaux du nord de la bande de Gaza ne puissent être transportés vers le terminal de Rafah», a déclaré à l’AFP un responsable de l’administration des points de passage.
Vendredi, l’armée israélienne a annoncé avoir frappé une ambulance devant l’hôpital al-Shifa affirmant qu’elle était «utilisée» par le Hamas. Ce bombardement a fait 15 morts et 60 blessés, selon le mouvement palestinien. Le véhicule visé faisait partie d’un convoi d’ambulances qui s’apprêtait à transporter des blessés vers Rafah, d’après le Hamas. Le patron de l’ONU Antonio Guterres s’est dit «horrifié» après ce bombardement.
«Maman sauve-moi»
Selon un bilan publié samedi par le gouvernement du Hamas, 9488 personnes, essentiellement des civils dont 3900 enfants, ont été tuées par les frappes israéliennes dans la bande de Gaza. En Israël, au moins 1400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le 7 octobre, en majorité des civils massacrés le jour de l’attaque du Hamas. Le Hamas détient en outre 241 otages, selon l’armée.
Rassemblés à Tel-Aviv samedi soir, des familles d’otages ont réclamé leur libération. «Cinq membres de ma famille ont été kidnappés, enlevés de leur lit», dont sa fille de 16 ans et son fils de 12 ans, raconte Hadas Kalderon. «J’entends mon fils tous les jours qui me crie dans l’oreille +Maman sauve-moi+, c’est ce que j’entends tous les jours et j’ai le cœur brisé.» Après l’attaque du 7 octobre, Israël a juré «d’anéantir» le Hamas.
Sur le terrain, les soldats ont intensifié leurs opérations, cherchant à détruire le «centre» du Hamas à Gaza-ville, selon l’armée. Ils ont subi plusieurs attaques et tué «des dizaines de terroristes» dans le nord du territoire. Ils ont mené un «raid ciblé» dans le sud de la bande de Gaza tuant des combattants ennemis «qui sortaient d’un tunnel».
Au moins 29 soldats ont été tués depuis le début de l’opération terrestre à Gaza le 27 octobre, d’après l’armée. Le Hamas a affirmé avoir ciblé un convoi militaire israélien avec des obus et infligé des «pertes à l’ennemi». En Israël, notamment dans le sud limitrophe de la bande de Gaza, des sirènes d’alerte aux roquettes ont retenti plusieurs fois, a indiqué l’armée.
Manifestations de soutien
En quatre semaines, les bombardements israéliens ont provoqué d’immenses destructions à Gaza et entraîné selon l’ONU le déplacement de 1,5 million de personnes. D’après un responsable américain, 350’000 à 400’000 personnes se trouveraient encore dans le nord, où se concentre l’essentiel des combats. La bande Gaza, 362 kilomètres carrés et 2,4 millions d’habitants, est placée depuis le 9 octobre en état de «siège complet» par Israël qui y a coupé les approvisionnements en eau, électricité et nourriture. Ce territoire était déjà soumis à un blocus israélien depuis plus de 16 ans.
Samedi, des milliers de personnes ont manifesté notamment en Europe et aux États-Unis, en soutien aux Palestiniens. À Londres, 30’000 personnes selon la police ont manifesté à Trafalgar Square pour réclamer un «cessez-le-feu immédiat». À la frontière israélo-libanaise, plusieurs échanges de tirs ont eu lieu, l’armée lançant des raids contre des cibles du Hezbollah et le mouvement libanais tirant en direction de positions israéliennes.
Depuis le 7 octobre, 72 personnes ont péri côté libanais, selon un décompte de l’AFP, dont 54 combattants du Hezbollah. Six soldats et un civil ont été tués côté israélien. En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, plus de 140 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, selon l’Autorité palestinienne.