FinanceSmartphone en main, la génération Z veut investir
De jeunes investisseurs, application en main, se mettent à boursicoter. Mais les pertes peuvent être au rendez-vous.
Une nouvelle génération d’investisseurs est née. Des applications ciblent ces jeunes épris de finance et qui trouvent leurs conseils directement sur Youtube. Mais les marchés de capitaux, plus accessibles que jamais, n’en restent pas moins risqués.
Sortie en 2013, l’application américaine Robinhood (Robin des Bois en français) a fait sensation dans les pays occidentaux, en voulant convertir les «personnes ordinaires» à l’investissement personnel. Depuis, des équivalents locaux fleurissent, du Nigeria à l’Inde, pour attirer les 20-30 ans.
«Maintenant c’est marchés, marchés, marchés»
«Je ne me préoccupe plus vraiment de l’université, pour être honnête. Maintenant c’est marchés, marchés, marchés», reconnaît Ishan Srivastava, étudiant à New Delhi, qui a débuté le «trading» fin décembre. À 20 ans, Ishan Srivastava investit grâce à une poignée d’applications indiennes (dont Zerodha ou Upstox) et ambitionne de diversifier suffisamment son portefeuille pour être rentier à 45 ans.
En Inde, la révolution de l’investissement a été largement favorisée par l’essor des comptes bancaires électroniques, faciles à ouvrir en ligne et qui peuvent détenir des titres financiers, actions ou obligations. Mais un engouement similaire pour les apps de trading se produit dans bien d’autres pays, notamment au Nigeria.
10 millions de nouveaux investisseurs
Rien qu’aux Etats-Unis, plus de 10 millions de nouveaux investisseurs ont investi les marchés au premier semestre 2021, affirme JMP Securities. Une partie d’entre-eux ont été attirés par le buzz en janvier autour de la chaîne de magasins de jeux vidéo «GameStop», dont le cours s’est envolé, lorsque des boursicoteurs sur les réseaux sociaux se sont ligués contre des fonds spéculatifs.
Et les nouveaux convertis sont de plus en plus jeunes. L’âge médian des Américains sur Robinhood est de 31 ans; en Inde, Upstox affirme que 80% de ses utilisateurs ont 35 ans ou moins, idem pour l’application nigériane Bamboo (83%).
Flirt avec le risque?
Mais si elles démocratisent la finance et promettent bien souvent zéro commission, les apps de trading savonnent aussi la planche des investisseurs inexpérimentés, s’alarment certains experts. Aux États-Unis, le gendarme des marchés (la SEC) enquête pour savoir si ces sociétés encouragent les transactions de manière irresponsable, via de multiples relances et en donnant l’impression que l’investissement est un jeu.
Selon l’une des études de l’autorité, près des deux tiers des sondés verraient leur niveau de vie affecté «de manière déterminante» en cas de lourdes pertes. Bien loin de l’adage selon lequel il ne faut investir que ce que l’on est prêt à perdre.
Mauvaise expérience
Pour certains jeunes spéculateurs, la chance a déjà tourné. A Bombay, le designer Ali Attarwala, 30 ans, a fait une pause après une mauvaise expérience cette année avec les cryptomonnaies. «Ces applications permettent d’acheter facilement des actifs spéculatifs comme les cryptos, mais celles-ci restent très volatiles», explique-t-il à l’AFP.
Même s’il a aussi vécu des hauts et des bas, Ishan Srivastava reste quant à lui optimiste. «Quand j’ai commencé, mon capital a fondu de près de 50%», dit-il. «Je ne considère pas cela comme une perte, mais plutôt comme le coût de ma formation.»