Belgique«Sur 200 mètres, il y avait des corps partout»
Une voiture a percuté la foule dimanche en Belgique. Au lendemain du drame, un témoignage rend compte de l’horreur endurée.
- par
- R.M./AFP
Dimanche vers 5 heures du matin à Strépy-Bracquegnies, en Belgique, une voiture a foncé dans un groupe de quelque 150 personnes réunies pour le carnaval. Bilan: 6 morts, 10 blessés graves et une vingtaine de blessés plus légers. Au lendemain du drame, ce qui ressemble à une attaque volontaire reste largement inexpliqué. Mais des témoignages montrent la violence des chocs et l’horreur endurée par les victimes.
Membre d’une société de carnaval, Antonio Gava était avec des proches et des amis lorsque tout a basculé. «J’ai entendu des cris, un impact, un bruit sourd», raconte-t-il à RTL. «J’ai juste eu le temps de me retourner. J’ai vu une personne qui retombait. Et puis c’est moi, j’ai été balayé avec un ami, du côté gauche. Je suis tombé deux mètres plus loin», témoigne celui qui est également en charge des Travaux publics à la ville de La Louvière.
«Je me suis relevé et quand je me suis retourné, c’était l’horreur», enchaîne-t-il, retenant ses larmes. «Sur 200 mètres, il y avait des corps partout, des gens qui criaient, des gens qui couraient, des bras levés, des gens qui venaient secourir des amis. J’étais perdu et je ne savais pas vraiment quoi faire. Je me suis avancé et j’ai pris la main d’un blessé.»
Antonio Gava a passé la suite de la journée à l’hôpital. Il s’en sort avec un pied cassé, une entorse du genou et un hématome au niveau du coccyx, détaille 7sur7. «Ce n’est pas si grave que ça quand je pense à certains», commente-t-il.
«Un meurtre»
Il veut maintenant que les coupables soient sévèrement sanctionnés. «Je pense que la justice doit faire son travail. Il faut que ça soit sévère. Il n’y a pas de pardon à un moment donné.» Antonio Gava souligne que la voiture n’a jamais freiné. Et taxe donc le drame de «meurtre». La justice pourrait faire de même.
Les deux occupants du véhicule qui a foncé devaient être présentés à une juge d’instruction ce lundi et leurs analyses toxicologiques sont en cours, a indiqué le procureur de Mons Ignacio de la Serna. L’un des deux occupants de la voiture avait un éthylotest positif, mais il ne s’agit «apparemment pas» du chauffeur, selon lui. Des prises de sang doivent permettre de confirmer ce test et de vérifier la consommation de drogues, a-t-il précisé, citant l’ecstasy.
Les deux hommes sont selon la presse deux cousins âgés de 32 et 34 ans prénommés Paolo et Nino, qui étaient de retour de discothèque et sont originaires de La Louvière, commune de Wallonie qui englobe le village de Strépy-Bracquegnies, où s’est produit le drame.
«Pas vraiment d’explication»
Les autorités ont exclu à ce stade la thèse d’un attentat. Les deux occupants de la voiture, qui ont été entendus une première fois par les enquêteurs, n’ont pas «pour l’instant» donné «vraiment d’explications», selon M. de la Serna. «On a des informations selon lesquelles ce sont des personnes qui aiment bien les voitures et la vitesse, mais cela reste assez flou. En 2017, l’un des deux a fait l’objet d’un retrait de permis, mais a repassé les examens après», a poursuivi le procureur.
Les enquêteurs veulent aussi vérifier que le passager n’a pas remplacé le conducteur, «puisque le véhicule s’est arrêté» plus loin après avoir percuté le groupe.
L’enquête a été ouverte pour «meurtre»: «Ce qui est quand même très surprenant, c’est la vitesse et l’absence de freinage», a commenté le procureur. Mais la juge d’instruction, qui doit auditionner les deux occupants de la voiture ce lundi, peut choisir de retenir une autre qualification, a-t-il ajouté.