BrésilLula et Bolsonaro bouclent leurs campagnes à São Paulo
Les deux favoris à la présidentielle du Brésil en ont fini pour l’instant. Le premier tour, ce dimanche, pourrait déboucher sur des heurts en cas de victoire du candidat de gauche.
Les deux favoris à la présidentielle du Brésil, le chef d’État d’extrême droite Jair Bolsonaro et l’ex-président de gauche Lula, ont rallié, samedi, leurs partisans dans la plus grande ville du pays, São Paulo, pour des démonstrations de force à la veille du scrutin de ce dimanche.
Bolsonaro, 67 ans, vêtu d’une veste noire et sans casque, a conduit dans la matinée un cortège jusqu’au parc Ibirapuera, le poumon vert de São Paulo, où des milliers de personnes l’attendaient. Sur le chemin, ses fans en jaune et vert agitaient des drapeaux brésiliens, applaudissaient et réclamaient des selfies avec le président, qui s’est éclipsé sans prononcer de discours. «Quatre ans, c’est très peu pour corriger tout ce qui a mal tourné dans les gouvernements précédents, donc il a besoin de quatre de plus. Bolsonaro est le meilleur président de tous les temps», estime la cheffe d’entreprise Isabel de Morais, 54 ans, venue applaudir son champion.
À environ 5 km de là, pratiquement au même moment, des milliers de personnes en rouge ont défilé sur l’avenue Paulista, artère emblématique de la mégalopole, pour une «marche de la victoire» organisée par la campagne de Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010). Celui-ci a salué la foule depuis l’arrière d’un camion ouvert.
«Lula doit revenir pour en finir avec ce qui se passe dans le pays. Nous nous battons depuis longtemps pour une société beaucoup plus juste, plus fraternelle, et Bolsonaro a tout gâché», dit Anderson Momesso, 52 ans, venu soutenir le candidat du Parti des travailleurs (PT), vêtu d’un maillot de foot rouge, la couleur de la famille politique de Lula.
Maillot de foot pas interdit
La campagne électorale à la radio et télévision a pris fin, mais les meetings et la distribution de tracts sont autorisés jusqu’à samedi soir. Cette campagne s’est déroulée dans des conditions très particulières, pour des raisons de sécurité: les candidats portaient un gilet pare-balles et des barrières de sécurité étaient placées lors des meetings pour empêcher la foule de s’approcher trop près de la scène. Des fausses informations circulaient sur les réseaux sociaux, samedi, affirmant par exemple qu’il est interdit de voter en portant le maillot de l’équipe nationale brésilienne, prisé des bolsonaristes.
Ces dernières heures de campagne «seront très tendues, tout le monde observera les moindres détails qui pourraient faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre», a déclaré Jairo Nicolau, politologue à la Fondation Getulio Vargas. Malgré ces tensions, les rassemblements de samedi se sont déroulés sans incidents.
Lula en tête dans les sondages
Lula est toujours le grand favori, qu’il pourrait même remporter dès le premier tour, selon le sondage publié par l’institut Datafolha samedi soir, à la veille du scrutin. Les données publiées par l’institut de référence sont stables par rapport à celles du sondage publié jeudi. Lula, chef de file de la gauche, obtiendrait 50% des votes valides (hors nuls et blancs) contre 36% pour son adversaire direct, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, selon le sondage. Un candidat doit atteindre le seuil des 50% plus une voix pour être élu dès le premier tour, et éviter le 2e tour prévu le 30 octobre.
Selon Datafolha, les intentions de vote sont stables, Lula recueillant 48% et Bolsonaro 34%. La marge d’erreur est de plus ou moins deux points de pourcentage. Le sondage a été réalisé auprès d’un échantillon plus grand que d’habitude, de 12’800 personnes, vendredi et samedi. Un autre sondage, publié par un autre institut, l’Ipec, accorde 51% des votes valides à Lula contre 37% à Bolsonaro au 1er tour dimanche.
Mais la passation de pouvoir pourrait s’avérer difficile en cas de victoire, dès dimanche, du candidat de gauche, avec de longues semaines jusqu’à l’investiture, le 1er janvier. Lula a admis, vendredi, craindre des «troubles» durant cette transition. Jair Bolsonaro a donné de nombreux signes qu’il pourrait ne pas reconnaître les résultats en cas de défaite, invoquant notamment des risques de «fraude», sans apporter de preuve. La semaine dernière, le chef de l’État avait affirmé qu’il serait «anormal» qu’il n’obtienne pas au moins 60% des voix au premier tour.