AllemagneTrente ans après un incendie meurtrier, un suspect arrêté
Un militant d’extrême droite soupçonné d’avoir tué un homme en mettant le feu à un foyer pour réfugiés en 1991, a été arrêté lundi.
Les faits remontent au 19 septembre 1991, un an après la réunification allemande. Un foyer pour demandeurs d’asile situé à Sarrelouis, ville de 35’000 habitants située près de la frontière française, était incendié. Un suspect identifié comme Peter S. a été arrêté lundi, a annoncé le parquet fédéral. Cet homme de 52 ans est «fortement soupçonné de meurtre, de tentative de meurtre à l’encontre de 20 personnes et d’incendie volontaire ayant entraîné la mort».
Les procureurs lui reprochent d’avoir, au moyen d’un bidon d’essence, mis le feu au foyer qui hébergeait alors 21 personnes et d’avoir agi en raison de ses «convictions d’extrême droite et racistes». Né en 1971 et originaire de Sarrelouis, Peter S. était une figure bien connue de la scène néonazie sarroise, affirme l’hebdomadaire «Spiegel». L’incendie s’était propagé de la cage d’escalier à tout le bâtiment.
Si 18 personnes avaient réussi à se mettre à l’abri, deux autres personnes avaient subi des fractures en sautant par la fenêtre et un ressortissant ghanéen, Samuel Yeboah, était décédé de ses blessures dans l’incendie. Peter S. avait dès le départ été soupçonné d’être impliqué dans l’incendie criminel mais les enquêtes avaient été abandonnées pendant des décennies, faute de preuves suffisantes.
Nouveaux indices en 2020
A l’époque, les enquêteurs lui attribuaient un «rôle de leader» au sein de ce milieu extrémiste. Selon eux, il aurait notamment participé en 1996 à une manifestation d’extrême droite à laquelle étaient présents des futurs membres du groupuscule néonazi NSU, responsable d’une dizaine d’assassinats dans les années 2000, principalement d’étrangers. Les investigations sur l’incendie de Sarrelouis avaient repris en avril 2020, à la suite de nouveaux indices. L’appartement du suspect avait notamment été perquisitionné début 2021, selon le «Spiegel».
Au début des années 90, peu après la chute du Mur de Berlin, plusieurs attaques contre des foyers de demandeurs d’asile avaient touché l’Allemagne, notamment dans l’ancienne RDA.Cette montée de la xénophobie s’était notamment illustrée par des émeutes racistes à Hoyerswerda, ville de Saxe, en septembre 1991, durant lesquelles environ 500 personnes avaient attaqué un foyer de réfugiés avec des cocktails Molotov et des projectiles, faisant des dizaines de blessées.