Troubles au Pérou: Le Parlement refuse à nouveau des élections anticipées en 2023

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Troubles au PérouLe Parlement refuse à nouveau des élections anticipées en 2023

Les députés péruviens ont à nouveau voté contre des élections anticipées à décembre 2023 au lieu de 2024.

C’est la troisième fois depuis décembre que le parlement refuse d’avancer l’élection à 2023. Il avait déjà repoussé une proposition en ce sens samedi.

C’est la troisième fois depuis décembre que le parlement refuse d’avancer l’élection à 2023. Il avait déjà repoussé une proposition en ce sens samedi.

AFP

Le parlement péruvien a à nouveau refusé mercredi d’avancer les élections de 2024 à décembre 2023 alors que le pays est secoué par des troubles qui ont fait 48 morts depuis le 7 décembre. Selon le décompte des voix, 68 députés se sont prononcés contre, 54 pour et deux ont voté blanc au terme de 5 heures de débats.

«Le projet de réforme constitutionnelle n’a pas atteint le nombre de voix requis», a annoncé le président du Parlement, José Williams. Les députés de gauche ont salué ce rejet par des applaudissements et des cris de victoire. Le projet avait été présenté par le parti de droite Fuerza Popular mais avait le soutien de la présidente Dina Boluarte, élue vice-présidente sur une liste de gauche. Dina Boluarte et la droite préconisaient d’avancer le scrutin prévu en avril 2024 à la fin de l’année, espérant ainsi calmer la contestation.

C’est la troisième fois depuis décembre que le parlement refuse d’avancer l’élection à 2023. Il avait déjà repoussé une proposition en ce sens samedi. Après plus de sept heures de débat lundi, la séance avait été reportée au lendemain, puis à mercredi. Les manifestants réclament la démission de Dina Boluarte, mais également la dissolution du Parlement, largement discrédité dans l’opinion publique, des élections générales et une Assemblée constituante.

Une «bombe à retardement»

Les troubles ont éclaté après la destitution et l’arrestation le 7 décembre du président de gauche Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté un coup d’État en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir. La vice-présidente Dina Boluarte, que les protestataires considèrent comme une «traîtresse», l’a alors remplacé.

«C’est un divorce total entre la classe politique et les citoyens. C’est une bombe à retardement, le pire scénario qui pouvait arriver au pays, avec une présidente qui ne démissionnera pas, et un Parlement qui a l’intention de continuer comme si de rien n’était» a estimé Alonso Cardenas, professeur de Sciences politiques à l’Université Antonio Ruiz de Montoya à Lima.

Dimanche, Dina Boluarte avait tenté de mettre la pression sur le Parlement, parlant de «responsabilité historique». «Votez pour le Pérou en faveur du pays en avançant les élections à 2023 et disons à tout le Pérou avec la plus grande responsabilité que nous partons tous», avait-t-elle lancé lors d’un message à la Nation. Le Parlement est divisé en plus de dix forces politiques, sans compter les indépendants. Aucun parti n’a la majorité absolue et chaque vote doit faire l’objet de négociations et d’alliances.

De nombreuses routes encore bloquées

La gauche, qui a voté contre les élections anticipées, veut associer tout nouveau scrutin à un référendum sur une nouvelle Constitution. Cette question est un des principaux points de discorde au sein du Parlement. Les députés se réuniront à nouveau jeudi pour débattre justement du sujet. Les protestations, avec des blocages de routes et des manifestations, se poursuivent dans plusieurs régions du pays. Plusieurs centaines de personnes ont défilé mercredi à Lima en fin de journée, lors d’un rendez-vous désormais quotidien dans le centre de la capitale.

C’est «la lutte (du Pérou) profond qui nourrit le pays. Nous voulons la démission de Dina Boluarte et des élections en avril», dit Cintya Huancco, ingénieure agronome, qui manifeste habillée en tenue colorée traditionnelle aimara, une ethnie de la région de Puno à la frontière bolivienne. Dans la région andine centrale de Junin, des dizaines de résidents ont bloqué l’autoroute centrale et les rues de la ville de Huancayo, à quelque 300 km de Lima.

Sur le plan économique, la mine de cuivre de Las Bambas, qui appartient au consortium chinois MMG, a suspendu ses activités mercredi en raison des blocages routiers. Las Bambas, situé à 4000 mètres d’altitude, pèse environ 15% de la production de cuivre du Pérou, le deuxième plus grand producteur mondial de ce minerai après le Chili. Elle contribue à 1% du PIB du pays. Son volume de production de près de 400’000 tonnes est équivalent à 2% de la production mondiale de cuivre.

(AFP)

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