Allemagne: L’extrême droite affiche ses rêves de pouvoir

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AllemagneL’extrême droite affiche ses rêves de pouvoir

Portée par des sondages record, l’extrême droite allemande rêve de pouvoir, confiante d’être l’un des plus grands partis du pays à un an de scrutins européen et régionaux.

Le codirigeant du parti d'extrême droite AfD, Tino Chrupalla, lors d’un congrès à Magdebourg, le 28 juillet 2023.

Le codirigeant du parti d'extrême droite AfD, Tino Chrupalla, lors d’un congrès à Magdebourg, le 28 juillet 2023.

AFP

Dix ans après notre création, «nous sommes devenus adultes, avec des sondages qui nous créditent de 22%» des intentions de vote, a lancé vendredi le président de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), Tino Chrupalla, à l’ouverture d’un congrès à Magdebourg, l’un de ses fiefs de l’est du pays. Dans les dernières enquêtes, cette formation – 78 députés sur les 736 au Bundestag, soit l’avant-dernier groupe parlementaire en nombre – pointe désormais en deuxième position au plan national (19 à 22%), devant le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, et juste derrière les conservateurs (26 à 27%), actuellement dans l’opposition.

«Prêts pour plus»

«Nous sommes prêts pour plus», a ajouté M. Chrupalla, devant quelque 600 délégués venus de toute l’Allemagne pour débattre deux week-ends de suite de leur programme pour les élections européennes de juin 2024, afin de décider notamment de leur tête de liste.

Juste avant l’ouverture du congrès, la coprésidente du mouvement, Alice Weidel, a clairement affiché l’ambition du parti de gouverner l’Allemagne tout entière, via pour la première fois un candidat ou une candidate à la chancellerie aux législatives de 2025. «Je dis très clairement que notre parti, qui est maintenant la deuxième force politique nationale du pays» dans les sondages, «doit avoir l’ambition de diriger et qu’il ne peut le faire qu’en candidatant à la chancellerie», a-t-elle dit à la chaîne ZDF.

«Être les plus forts»

Quelques dizaines de manifestants, appartenant à un collectif d’associations antiracistes et antifascistes, ont protesté devant le bâtiment du congrès. «J’ai peur de ce qui pourrait arriver si l’AfD parvenait à un moment donné au pouvoir», dit Steven Braun, 18 ans, portant en cape un drapeau arc-en-ciel et venu spécialement des environs de Brême (nord).

Particulièrement dans le viseur de l’extrême droite: des scrutins régionaux prévus en septembre 2024 dans l’est de l’Allemagne, en Saxe, Thuringe, et dans le Brandebourg. Dans ces trois régions, où l’AfD est déjà créditée d’environ 30% des intentions de vote, «nous pouvons être les plus forts, nous pouvons prendre la responsabilité de gouverner», a lancé Chrupalla, sous les applaudissements.

Dans l’est de l’Allemagne, l’AfD est déjà récemment parvenue à faire élire son premier maire sous ses couleurs, ainsi qu’à prendre la tête d’un conseil d’arrondissement. Dans ces régions de l’ancienne RDA communiste, beaucoup de citoyens s’estiment perdants de la réunification des deux Allemagne en 1990.

«De nombreuses personnes ne sont pas convaincues des avantages de la démocratie», résumait le responsable d’une étude publiée fin juin par l’Université de Leipzig, Oliver Decker. A l’ouest en revanche, en Bavière et en Hesse, où des scrutins régionaux se tiennent en octobre cette année, l’AfD stagne dans les sondages.

«Nous sommes l’original»

Dans son discours d’ouverture, M. Chrupalla s’est gaussé de Friedrich Merz, président des conservateurs (CDU), le parti de l’ex-chancelière Angela Merkel, affirmant ironiquement qu’il «aimerait plutôt être président de l’AfD». M. Merz avait récemment décrit la CDU comme «l’alternative pour l’Allemagne avec de la substance». «Mais nous sommes l’original et personne d’autre», lui a rétorqué le président de l’AfD.

Ce dernier a néanmoins tendu la main aux conservateurs, n’excluant pas de possibles alliances. La digue construite par la CDU contre l’AfD est «une erreur», a-t-il dit. En début de semaine, Merz avait ouvert la porte à une alliance au plan local, avant de la refermer face au tollé provoqué en interne.

Créée en février 2013, l’AfD était à l’origine un parti anti-euro, avant de devenir une formation anti-islam et anti-immigration. Elle surfe sur la grogne d’une partie de l’opinion contre l’actuelle coalition gouvernementale, composée des sociaux-démocrates, des écologistes et des Libéraux, ainsi que du mécontentement face à l’inflation et l’immigration.

(AFP)

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