ÉditorialUkraine: un an de désolation et si peu d’espoir
Si modeste soit-elle, la Suisse doit continuer à miser sur la paix pour trouver une issue à ce conflit.
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Le président de la Confédération a rendu visite Volodymyr Zelensky le 20 octobre dernier.
DFAEEn lançant son offensive contre l’Ukraine il y a une année, Vladimir Poutine comptait s’emparer rapidement de Kiev et chasser le comédien président Volodymyr Zelensky du pouvoir. Le chef du Kremlin a légitimé cette «opération spéciale» pour combattre l’idéologie prétendument néonazie de ses voisins.
Depuis, nous avons découvert le «narratif russe» dans cette guerre, qui a évolué au fil des difficultés rencontrées par son armée. Au point que dans ses dernières déclarations, Vladimir Poutine affirme aujourd’hui devant son peuple que l’Occident voudrait «en finir une bonne fois pour toutes» avec la Russie.
Une haine fratricide
C’est une année qui se solde par des dizaines de milliers de morts, des villes totalement détruites, des bombardements, des crimes odieux et des millions de personnes obligées de fuir leur foyer. Nous observons une ligne de front, où tombent chaque jour des centaines d’hommes de part et d’autre pour quelques rues ou quelques champs perdus ou gagnés. Durant cette année noire, à aucun moment, la paix n’a eu la moindre chance. Au contraire, une haine fratricide n’a cessé de gagner du terrain à chaque exaction commise de part et d’autre.
Ni défaite, ni victoire
Aujourd’hui, le problème semble insoluble, entre une Ukraine qui revendique l’entier de son territoire et la Russie qui occupe la Crimée et une partie de l’est. Les deux belligérants sont prêts à mettre encore en jeu la vie de milliers de combattants pour consacrer leurs frontières. Ni la Russie, ni l’Ukraine soutenue par les Occidentaux ne peuvent envisager une défaite. Mais aucun des deux camps n’a les moyens d’une victoire décisive, suivie d’une paix quelconque.
Le conflit polarise la planète des nations selon le principe de «qui n’est pas avec nous est contre nous». La Suisse n’échappe pas à la pression de ses alliés occidentaux, notamment pour fournir des armes à l’Ukraine. Faut-il en arriver là? À Berne, on sent toujours la volonté du Conseil fédéral de miser à terme sur une solution négociée. Même si, en une année, la part laissée à un compromis n’a cessé de se réduire au profit d’un armement toujours plus lourd.
«À moins d’un miracle…»
Dans un entretien accordé au «Temps», le chef de la diplomatie suisse, Ignazio Cassis, en est bien conscient: «Conclure un accord de cessez-le-feu est une chose. Rétablir la paix en est une autre face à tant de morts, de destruction et des visions aussi divergentes. À moins d’un miracle, on voit mal comment cela pourrait intervenir à court terme».
Actuellement tout compromis équivaudrait de part et d’autre à une capitulation. Est-il possible de sortir de cette impasse? Comment? Il est urgent que toutes les bonnes volontés y travaillent, sinon la deuxième année de guerre risque d’évoluer comme un abcès toujours plus effrayant. Si modeste soit-elle, la Suisse doit continuer à miser sur la paix. Quitte à parler dans le désert, c’est son rôle, c’est le fondement même de sa neutralité.